Les modèles de thérapies psychanalytiques de couples et de famille

Une perspective du Département de Couple et Famille de l´Asociación psicoanalítica de Buenos Aires (ApdeBA)
Dr. Héctor A. Krakov (Buenos Aires)

Depuis une vingtaine d´années, plusieurs des collègues avec qui nous formons le Département des Couples et des Familles de l’APdeBA travaillent à ce que l’on appelle la théorie des liens et la construisent en même temps. 
Tout d’abord, j´essaierai d´exposer la manière dont je conçois actuellement la théorie et la clinique des couples, pour ensuite situer les différentes nuances qui animent les développements de notre groupe. 
La notion de lien s´est modifiée depuis la proposition initiale qui en a été faite par les Dr. Isodoro Berenstein et Janine Puget. 
En ce qui me concerne, je conçois le lien comme un produit émergent, un terme tiers qui est la conséquence de l´échange effectif (c´est-à-dire produisant un effet) entre les membres qui composent un couple. 
C´est le lien, de statut inconscient, qui institue ceux qui forment le couple comme des sujets de ce lien en particulier. Remarquons ici que le mot « sujet » implique aussi bien l´idée de subjectivité que celle de assujettissement à l´autre. 
Ainsi, nous pouvons concevoir une nouvelle source de sens, un « abri symbolisant » que le couple produit et qui simultanément le constitue. Avant cela, il y avait bien des sujets, mais ils étaient les sujets d´autres liens. 
Dans la mesure où je considère que la participation dans différents liens avec les autres laisse des restes, et que ceux-ci peuvent être envisagés comme des positions psychiques variées du sujet, la nouveauté qu’un lien inédit est censé apporter stimulera les ancrages subjectifs précédents, qui apparaissent cliniquement comme des résistances du lien. C´est pourquoi nous, analystes de couple, entrons en contact de manière incontournable avec la « nébuleuse » que forment les familles d´origine, ou les mariages précédents, qui « peuplent » immédiatement le cabinet lorsque nous avons un couple en thérapie.
Notre groupe comprend essentiellement deux noyaux de théorisation qui apportent des nuances à ces idées :
- L´un met en valeur la nouveauté radicale, ce qu´il y a de nouveau à la racine même de la relation à l´autre, et donc le facteur de présence, c’est-à-dire ce qui opère entre les sujets et se produit là.
- L´autre noyau souligne le fait que tout couple construit une trame d’illusion qui nécessairement va sombrer, pour qu’une nouvelle se forme et ainsi de suite dans une succession ininterrompue de créations et d’effondrements.