REVISTA N° 30 | AÑO 2024 / 1
Résumé
Érotique du lien mère/fils chez l’adolescent délinquant: l’emprise comme envers de la tendresse œdipienne
En partant des remarques de Freud sur la nécessaire jonction des courants tendre et sensuel à l’adolescence, l’auteur explore deux situations cliniques où l’adolescent agit sur un mode délinquant tout en révélant la profondeur du lien d’emprise mère et fils; l’acte transgressif révèle l’incestualité des liens familiaux ayant pour fonction d’empêcher toute élaboration de la séparation entre les deux principaux protagonistes. Ainsi opère l’entrave du travail de différenciation subjectivante de l’adolescent, tandis que la mère révèle en miroir une adolescence inélaborée, le tout au profit du maintien du sexuel infantile pervers polymorphe dont la tendresse œdipienne parentale représente l’envers.
Mots-clés: lien mère/fils, adolescence, délinquance, violence, tendresse, emprise
Resumen
Erótica del vínculo madre/hijo en adolescentes delincuentes: el control como reverso de la ternura edípica
Tomando como punto de partida las observaciones de Freud sobre la necesidad de que en la adolescencia confluyan las corrientes tierna y sensual, la autora explora dos situaciones clínicas en las que el adolescente actúa de forma delictiva al tiempo que revela la profundidad del vínculo de control madre-hijo; el acto transgresor revela la naturaleza incestuosa de los vínculos familiares cuya función es impedir la elaboración de la separación entre los dos protagonistas. De este modo, se obstaculiza el trabajo de diferenciación subjetivante del adolescente, mientras que la imagen especular de la madre revela una adolescencia no desarrollada, todo ello en beneficio del mantenimiento de la polimorfa sexualidad infantil perversa de la que la ternura edípica paterna representa la otra cara.
Palabras clave: vínculo madre-hijo, adolescencia, delincuencia, violencia, ternura, control.
Summary
Erotics of the mother/son bond in delinquent adolescents: control as the flip side of oedipal tenderness
Taking as a starting point Freud’s remarks on the necessary junction of the tender and sensual currents in adolescence, the author explores two clinical situations in which the adolescent acts in a delinquent mode while revealing the depth of the controlling bond between mother and son; the transgressive act reveals the incestuous nature of the family ties whose function is to prevent any elaboration of the separation between the two main protagonists. In this way, the adolescent’s work of subjectivising differentiation is impeded, while the mother’s mirror image reveals an undeveloped adolescence, all to the benefit of maintaining the polymorphous perverse infantile sexuality of which the parental oedipal tenderness represents the flip side.
Keywords: Mother/son bond, adolescence, delinquency, violence, tenderness, empowerment.
ARTÍCULO
Lorsque Freud (1905) écrit les Trois essais sur la théorie de la sexualité, il considère la perversion – terme désormais peu usité – comme faisant partie des processus de développement dits typiques, comme un cheminement infantile torsadé au cours duquel l’interdit œdipien le dispute aux tendances sexuelles perverses polymorphes, main dans la main. Freud n’investigue pas seulement l’infantile, ce sexuel irréductible dont les composantes de satisfaction échappent à toute logique éducative ou développementale; il inclut l’adolescence comme révélateur de l’infantile non perlaboré par le travail de subjectivation adolescent, dans une tension entre une amorce d’activité sexuelle normale et une fixation infantile qui emporte le sujet sur le versant pervers face aux premiers obstacles se dressant sur la route de l’adolescent. Lorsque la tâche maturative post-pubère ne trouve pas d’étayage interne, la fixation perverse s’impose au sujet comme auto-solution face à un risque plus désorganisateur, peut-on ajouter aujourd’hui. La “solution perverse”, ou l’aménagement défensif qui la sous-tend, est une organisation “as if” qui maintient certaines apparences mais masque mal la profondeur dépressive liée à l’échec élaboratif du complexe de castration, couplé avec le lien érotique primordial et insécable à la mère. Les aspects les plus significatifs relevés par Freud nous sont connus. Si on suit l’idée que la névrose est le négatif de la perversion, l’adolescence est le temps créatif de:
- la réunion des courants tendre et sensuel, clivés jusqu’ici chez l’enfant; – l’assomption du primat du génital sur les plaisirs préliminaires, eux activement recherchés comme épicentre de la satisfaction libidinale chez le sujet pervers;
- le passage d’une sexualité auto-érotique à la découverte de l’objet sexuel complémentaire, source de la rencontre avec l’altérité différenciatrice, à l’opposé du repli sur des satisfactions fétichisées, centrées sur des objets partiels;
- le renforcement de la barrière de l’inceste, en vue d’une intériorisation définitive des interdits œdipiens incluant une impersonnalisation progressive du surmoi infantile; dans les organisations perverses, la déroute de ces interdits maintient ceux-ci comme une incontournable prime d’excitation.
Dans le même texte consacré aux transformations de la puberté, Freud évoque encore une jeune fille qui se marie tout en refusant de vivre sa vie sexuelle d’adulte, restant ainsi très proche, tendrement, de ses parents. Freud illustre les enjeux de séparation partagés entre la jeune femme et ses parents: ce n’est pas seulement la jeune femme qui masque ses désirs œdipiens par sa tendresse exagérée envers les parents, et qui se dérobe à la rencontre sexuelle génitale, ouvrant sur une fin d’adolescence névrotique; c’est aussi dans le lien, ici au père ou aux parents, que la jeune femme se sent autorisée, voire encouragée à cet évitement du travail psychique imposé par le corps pubère: c’est à la grande joie des parents, souligne Freud, que la jeune fille reste attachée à un amour filial qui révèle la fixation infantile de la libido. La névrose infantile, à défaut d’avoir été remise au travail pendant et par l’adolescence, est redoublée par l’attitude des parents; davantage que S. Freud, c’est nous qui insistons sur ce dernier aspect, plus mutuel, intersubjectif et “familialiste”, et non seulement individuel et intrapsychique. L’idée de parents trop tendres participant à la genèse de la névrose ultérieure indique que l’enfant peut rester un jouet érotique (Freud, 1916) pour le parent. Pour la jeune femme, l’abstinence, la frigidité et le dégoût pour l’acte sexuel prennent la place d’une sexuelle plus épanouie, sur fond d’idéal de vie asexuel. Dans l’ombre de cette présentation, l’adolescence est déjà décisive dans son potentiel de non-transformation du sexuel infantile, opposant le mouvement d’union des courants tendre et sensuel à la fixité des désirs érotiques.
Comme le rappelle F. Marty (2001, p. 47), le pubertaire constitue le deuxième temps du traumatisme: le premier temps est l’irruption de la sexualité infantile dans la vie de l’enfant qui rencontre «les fantasmes sexuels dans les problématiques parentales qui vont venir déborder la capacité de l’enfant à intégrer ce qui s’échange de la sexualité adulte à la sexualité naissante de l’enfant. […] Le pubertaire est le révélateur de l’excès que subit l’enfant depuis sa naissance : l’excès traumatique de la séduction (généralisée)».
Dans cet article, nous explorons deux situations cliniques où l’adolescent agit sur un mode délinquant tout en révélant la profondeur du lien d’emprise (Houssier et Chevalier, 2024) entre mère et fils; l’acte transgressif révèle l’incestualité du lien ayant pour fonction d’empêcher toute élaboration de la séparation comme l’entrave du processus adolescent chez chacun des deux protagonistes au profit du maintien du sexuel infantile pervers polymorphe.
Adolescence et parentalité : à chacun sa chambre
L’adolescent, par l’accès à la génitalité, participe inconsciemment au réveil de la sexualité d’un de ses parents. Cette excitation, pour être élaborée dans le sens de l’organisation œdipienne (Gutton, 1991, p. 85), est censée être reconnue par ce parent.
Chaque parent est censé reconnaître le pubertaire de l’enfant et déplacer l’excitation sur un partenaire qui intègre le tabou de l’inceste au niveau interne et familial (ibid., p. 87). L’adolescent est par conséquent celui qui est susceptible de mettre en crise les parents et le couple. Le cadre parental est fortement sollicité dans sa fonction contenante et de transformation des angoisses de l’adolescent, d’autant que celui-ci, plutôt que s’impliquer dans le changement qu’il vit, a tendance à incriminer la représentation que ses parents et quelques autres ont de lui (ibid., p. 84).
L’éclosion des fantasmes incestueux et parricides dévoile la nature sexuelle du corps, celui de l’adolescent lui-même comme celui des parents, nouvellement découverts dans leur génitalité (Marty, 2009). Derrière la mère et le père se cachaient la femme et l’homme qui surgissent subitement au-devant de la scène, au moment même où le corps pubère de l’adolescent se manifeste, sortant de son état latent.
Les parents satisfaits de leur vie sexuelle sont plus à même de s’occuper tendrement de leur adolescent et, ce faisant, d’étayer le moi fragile de l’adolescent. Cette vivacité du lien parental s’articule avec la restauration de la différence des générations au moment où cette différence se réduit via l’accès à la sexualité génitale de l’adolescent, faisant de ce dernier une sorte de pair face au couple parental: «à chacun sa chambre d’amant», souligne Gutton (1991, p. 88). L’adolescent et sa sexualité ont moins de chances d’être compris par les parents, cette incompréhension nécessaire étant le reflet de l’interdit incestueux et du refoulement qui l’accompagne.
La tranquillité endogamique du groupe familial est mise en tension par celui qui va chercher ailleurs un(e) étranger(e) réinterrogeant l’homéostasie familiale (Robert et Houssier, 2011). L’équilibre était jusque-là assuré par la délimitation des sousgroupes et une frontière claire entre les générations. Avec l’adolescence, les rôles, les places, les alliances, conscientes et inconscientes (Kaës, 2009) ainsi que les relations changent, la frontière entre les générations doit être marquée, avec une dimension sexualisée interdite aux enfants et implicitement prescrite aux parents (Lemaire, 1989). L’adolescent devient lui aussi un inquiétant étranger pour ses parents, à la fois familier et inconnu, ouvrant sur une nouvelle distance affective entre l’adolescent et ses parents que le premier n’a de cesse de rappeler par ses attitudes de rejet ou d’évitement.
La déception ressentie par certains parents relève du maintien de la part narcissique attachée à l’enfant qui, à l’adolescence, provoque une rupture avec l’idéal parental, d’autant plus lorsque cet idéal a pour visée inconsciente de réparer l’histoire de ce parent. C’est une véritable rupture de séduction qui opère alors, au risque de sentiments persécutifs mutuels sur fond d’enjeu d’emprise et de déprise. L’obsolescence des parents implique que ce sont des «séducteurs délaissés», souligne Gutton (1991, p. 93), non sans connexion avec le propos de Winnicott (1971) lorsqu’il indique que grandir à l’adolescence implique de passer sur le corps mort de l’adulte. Dans cette perspective, le parent “réel” est convoqué à la place de l’absent, ou plutôt du discret, celui qui alterne entre présence et absence sans chercher à imposer son idéologie libidinale, notamment sous le prisme de ses fantasmes éducatifs énonçant une pseudo-vérité non contestable. En somme, alors que l’adolescence du parent n’a pas été perlaborée, le pubertaire de l’enfant s’impose et appuie sur la blessure parentale sur fond d’incapacité à être seul ou séparé physiquement.
Là où l’enfant pouvait s’appuyer sur la permanence du lien aux parents, l’adolescent mobilise un écart que Freud avait repéré à propos de son petit-fils, l’enfant à la bobine, entre éloignement et rapproché avec l’objet à symboliser.
A contrario, sans travail élaboratif parental concernant le changement que l’adolescence implique, la fixité de l’investissement sur l’adolescent représente un déni de la différence entre les sexualités infantiles et pubertaires, au détriment de cette dernière, comme le suggère la situation clinique qui suit.
Un amant est disqualifié
Un adolescent de quatorze ans vient un jour accompagné de sa mère, le père étant mort et le beau-père se mêlant peu de la vie familiale; le discours de la mère d’Ethan envahit quasiment toute la séance, elle se plaint du fait que son fils vient d’être arrêté par la police pour avoir tenté de vendre de l’héroïne dans un quartier réputé pour être un haut lieu de vente de drogues; son angoisse est tellement focalisée sur son fils qu’elle a accepté de ne pas voir régulièrement son amant, par ailleurs passablement disqualifié. Dès la séance suivante, Ethan, au contact plutôt doux, m’explique qu’il ne veut pas être là, que son seul but est de gagner sa vie pour fuir sa mère qui “le flique” sans cesse et le punit comme un enfant ; à quatorze ans, il n’investit plus la scolarité, ce qui est l’objet de nombreuses remontrances de sa mère, qui met sans cesse le feu libidinal à la relation avec son fils; l’intimité de ce dernier consiste à garder pour lui ce fantasme magique d’indépendance, gagner sa vie en secret pour rompre avec elle. Quant à sa virée pour vendre de la drogue, il ne voit pas bien où est le problème. Il est en revanche plus prolixe pour décrire l’ambiance à la maison, ses deux sœurs aînées ayant une relation conflictuelle avec leur mère alors que lui a tendance à faire plutôt profil bas. Une de ces sœurs mobilise également l’angoisse de la mère, qui m’appelle régulièrement, ou à défaut m’envoie des textos pour dénoncer l’attitude jugée nonchalante de son fils; cette sœur s’est rapprochée d’un islamisme radical, portant le niqab, ce qui mobilise sur un mode maniaque l’anticipation anxieuse de la mère, folle d’angoisse et ne pouvant parler que de ses enfants dans l’actuel, alors que l’histoire familiale est lourde et complexe. À la suite de cet entretien où il a pu déposer sa préoccupation, il cessera de venir aux séances.
Cet exemple d’une mère qui excite le lien au lieu de le transformer, faisant ainsi chauffer la marmite du noyau pubertaire incestueux, rappelle que maintenir l’unité narcissique dans un lien d’emprise s’oppose au devenir sujet, qui passe par un lâcher prise concernant l’objet, c’est-à-dire l’abandon de la mainmise narcissique et du contrôle de l’objet (Green, 1984). Ce type de liens ne peut pas résister à l’introduction d’un tiers, ni à la différence, ni même à l’indépendance, il ne peut résister à aucun écart inter-subjectal, tout relâchement des liens ou résistance objectale devenant synonyme de trahison.
La relation d’inter-dépendance entre parents et adolescent implique un paradoxe:
l’adolescent rejette tout rapproché avec ses parents tout en restant dépendant d’eux, ce conflit de dépendance étant à l’origine de nombreuses projections parentales, souvent anxieuses et/ou hostiles. De là émerge la tentation de l’intrusivité parentale, forme d’identification projective pathologique par intrusion “en emprise”, le désir de conserver une prise sur son enfant représentant une lutte anti-dépressive face au changement de l’adolescent. Chez la mère, le courant libidinal l’emporte sur la tendresse étayante d’une mère occupée ailleurs sensuellement, laissant entendre un processus adolescent en impasse chez la mère, férocement investie dans son désir de maintenir le contrôle de son fils.
Cette position représente l’envers d’une position parentale tempérée, qui veille à la traversée du processus tout en retournant dans l’ombre, ou tout au moins en laissant la place aux vicissitudes du processus sans panique ni position d’hyper-contrôle. Ces parents à la présence discrète existent, ils acceptent de s’effacer tout en restant dans les parages, comme le père du petit déjeuner chez Winnicott (1969): chaque matin, l’adolescent qui a rêvé ou rêvassé de terrasser son père le retrouve intact dans un moment ordinaire de la vie quotidienne; cette survie de l’objet laisse toute liberté aux fantasmes meurtriers de circuler dans le monde interne. Ajoutons que, dans ce contexte, la tendresse parentale représente un conducteur du sexuel décontaminé; l’Œdipe parental intériorisé rend la tendresse possible, a contrario de l’incestuel excitant, comme l’illustre la situation de Miguel, dont nous ressaisissons de façon sélective les éléments de la problématique familiale.
Violences dans la famille: un adolescent occupe toutes les places
Miguel a quinze ans (Houssier, 2014). Ses parents, qui l’accompagnent à mon cabinet, décrivent d’emblée l’enfer quotidien qu’il leur fait vivre, notamment par la multiplicité de ses actes transgressifs (vol de portable, fugue, violences intrafamiliales), des conflits incessants accompagnés d’injures, et d’une dynamique de déscolarisation qui les préoccupe. Monsieur est agent immobilier, Madame infirmière. Le contact avec Miguel est de bonne qualité; plutôt intelligent, son propos s’arrête néanmoins assez rapidement, sans association consécutive; à une question posée, il me répond souvent par un “Je ne sais pas”, appuyé par une moue dubitative évoquant un manque de réflexivité. Après quelques séances, il interrompt les entretiens avec moi. Miguel me donne l’impression de ne pas vouloir s’intéresser à son monde interne, au profit d’un mouvement projectif destiné à témoigner des injustices que ses parents lui font subir, en miroir de leur plainte. L’accroche transférentielle opère cependant du côté parental, en dépit de l’apparente hostilité maternelle. Les parents désirent poursuivre les entretiens et il est convenu de la possibilité pour Miguel de revenir quand il le souhaite.
La consultation thérapeutique familiale se met en place toutes les semaines, d’autant qu’une thérapie familiale incluant la sœur aînée de Miguel a échoué. Les parents expliquent que cette thérapie a été désertée par Miguel, contribuant à la rendre impossible. Un peu plus tard dans la prise en charge, la mère commence une psychanalyse.
Oralité dans le lien mère/fils
Elle se plaint avec virulence de ce qu’il leur fait subir, la famille devient un champ de dévastation. “Je n’en peux plus, il me bouffe”, dit la mère en écho de son fils insatiable, avant d’ajouter une formulation non plus cannibalique mais sensuellement anale: “Il me susurre mon argent”. Pourtant, je remarque qu’après la tempête pulsionnelle maternelle et les préoccupations concrètes du père – où Miguel va-t-il aller, que va-t-il faire? –, d’autres aspects apparaissent, souvent en fin de séance. Ainsi, tout en écoutant leurs souffrances quotidiennes, j’entends un jour une nuance sonore. Alors que j’ai cessé de vraiment entendre la plainte répétitive de la mère, je l’entends à nouveau, d’une autre façon: sa colère se mue progressivement en complainte, une sorte de gémissement qui m’évoque la protestation d’un nourrisson, à la façon d’un bébé qui geint. Transférentiellement, ce bébé qui geint, d’une voix plus douce, à la façon d’une complainte, mobilise davantage d’empathie que le bébé furieux et revendiquant, lui plus souvent présent. Madame prendrait dans le transfert la position de son bébé Miguel, révélant les mouvements à l’œuvre d’identification projective.
Miguel finit toujours par faire échouer toute tentative d’éloignement du domicile familial (foyer, vacances, séjour éducatif) pour mieux retrouver ses parents à la maison. Il lui arrive de faire irruption dans le cabinet médical de sa mère, interrompant ses consultations, pour lui réclamer de l’argent, ou encore de la suivre dans la rue avec un de ses copains. Les parents sont sensibles à l’humour, ce qui me permet un jour de m’exclamer à l’adresse de la mère, à la façon d’un jeu psychodramatique: “Mais quelle formidable histoire d’amour entre votre fils et vous!”. La mère réagit alors, émue, avec un sourire jusqu’aux oreilles, elle entend… sur le moment. Dans ce contexte transférentiel peut émerger la représentation que leur fils n’est pas seulement mauvais, ce que défend le père malgré les coups qu’il a reçus en retour d’une claque donnée à son fils après que ce dernier l’a une nouvelle fois insulté.
Un peu plus tard, il laisse en évidence trois photos de lui bébé: dans les bras de sa mère, puis nourri au biberon par une cousine paternelle et une cousine maternelle.
“Mais il cherche à communiquer avec vous, il continue de vous chercher”, leur dis-je en pensant à une forme de communication primaire mêlant agressivité et séduction. Je fais remarquer que toute la séance a été occupée par les méfaits de Miguel, et que c’est seulement dans les derniers instants qu’émerge une autre image de lui. Lors d’une autre séance, il sera question du moment où il pose sa tête sur les genoux de la mère, ou encore d’un moment où elle le trouve en pleurs. Lors de la première scène, Madame est touchée par la tendresse de son fils, tandis que la seconde alimente et justifie ses fantasmes catastrophiques.
Un couple se déchire
Les enjeux de séparation sont majeurs. Les plaintes réciproques de Miguel et de ses parents maintiennent un lien serré nourri au lait des reproches justifiant l’impossibilité à pouvoir se “lâcher” mutuellement, seule issue à l’angoisse de perte de l’objet.
“Je me rends compte que je ne peux pas tout faire, être éducateur, mère, père, assistante sociale, médecin. Il faut que je lâche quelques fonctions”, avoue la mère. Le père sourit alors, semblant soulagé de pouvoir se déculpabiliser face aux difficultés de sa femme. Ils s’accusent mutuellement de défaillances éducatives. Lorsque le père est sous la douche, Miguel lui vole sa carte bleue pour retirer de l’argent, pour acheter divers objets et vêtements de marque ou divers objets qu’il troque ou donne à des copains de la cité voisine. Lorsque j’interroge le lien à l’argent, le père indique: “Je laisse ma femme s’occuper de ma carte bleue, ça lui fait plaisir”, dans une position passive qui s’articule avec la toute-puissance maternelle dans la famille. Elle commente en disant à son mari: “Tu veux qu’il te pique ton argent!”, dénonçant en l’interprétant sa faiblesse et projetant sa difficulté à résister à son fils sur cette question précisément.
Lorsque je réalise que je m’adresse plus souvent à la mère, je me rends compte que j’ai en tête d’être plus proche de celle qui est la plus fragile, mais également, un peu plus tard, que c’est elle qui semble au centre des liens familiaux, réels comme fantasmatiques. Cela ne m’empêche pas de dire un jour au père qui se plaint d’être court-circuité que la place de père, ça se prend, qu’il ne peut pas attendre qu’on la lui donne; il semble entendre à la fois le sens “direct” de mon propos, ainsi que mon soutien à des prises de position plus fermes de sa part.
La mère souligne ses difficultés de séparation ainsi: “Ma psy m’a dit que le jour où mon fils partira de la maison, je vais m’effondrer”. Elle refuse qu’une autre femme, la mère d’un copain ou la sœur de son mari avec laquelle Miguel n’a pas de problème relationnel, s’occupe de son fils, arguant défensivement qu’elle ne veut pas que quelqu’un d’autre souffre à cause de lui. Un fantasme infanticide commence à affleurer lorsqu’elle évoque le désir de l’abandonner, confirmant que l’abandon est une figure centrale des vœux infanticides (Houssier, 2013). Elle ajoute, dans un retournement sacrificiel, traducteur d’une impossible triangulation: “De toute façon, j’ai l’impression que moi ou mon mari, quelqu’un doit mourir pour que Miguel ait un déclic et qu’il puisse faire sa vie”.
Pour la mère, son fils est incontrôlable, il peut devenir fou; cette folie supposée contraste avec l’adolescence trop tranquille vécue par la mère, prise dans l’angoisse de faire quelque chose de mal, de désobéir à ses parents, ce qui pourrait les faire mourir. Le caractère inélaboré des fantasmes meurtriers maternels laisse penser à une destructivité infantile qui n’a pas pu être traversée par la mère au moment de son adolescence. Celle de son fils paraît d’autant plus folle que son adolescence “avortée” est encore en souffrance.
Au fil du temps, malgré les évolutions fragiles, parcellaires mais sensibles de son fils et de leur relation (moins de colères clastiques, de passages à l’acte violents et parfois des moments de dialogue), la mère maintient un fantasme catastrophique persistant: elle imagine que dans une crise de colère, Miguel peut prendre un couteau et le planter dans la gorge de son mari. Ce fantasme parricide l’unirait définitivement à son fils, tandis que le père de Miguel ne partage pas cette crainte sous-tendue par un désir inconscient, tuer le père auquel elle pense, son propre père. La seule fois où elle a souvenir d’un conflit avec lui, elle a imposé son choix d’étude alors qu’il pensait à une autre filière pour elle.
Aujourd’hui, Madame se déchaîne contre son fils, qui “se fout de ma gueule”, ditelle. Mais en exprimant sa colère, elle fait entendre qu’elle a presque réussi à dire “non” à son fils. Elle l’a chassé de la chambre parentale et plus seulement du lit, elle a refusé des demandes d’argent, l’a repoussé alors qu’il venait la harceler sur son lieu de travail; je lui dis alors que ce qu’elle peut vivre comme “être une mauvaise mère pour son fils” ressemble à ce qui pourrait être bon pour lui comme pour elle. De fil en aiguille, la mère finit par dire à un moment où nous évoquons les enjeux de séparation entre son fils et elle: “Finalement, j’imagine la mort de mon mari ou de mon fils, mais la vraie question, c’est de savoir si moi je vais survivre à tout ça”.
Prendre le contrôle de la sexualité parentale
Dans ce fantasme, la séparation ne peut être que rupture meurtrière. Lorsque je le lui fais remarquer, elle conteste qu’on puisse se séparer psychiquement sans quitter physiquement ses parents, ce qu’elle a vécu au moment où elle est partie de chez ses parents: c’est tout ou rien.
Le père réagit à ma perplexité lorsque j’entends que Miguel regarde la télévision dans la chambre des parents en occupant de tout son long le lit conjugal; la mère justifie cette attitude en disant que là il est tranquille, qu’ils ont la paix lorsqu’il regarde la télé en mangeant, et qu’il regarde des émissions intéressantes, sur la drogue, la violence, la délinquance, les films sur Mesrine, mais aussi… La boum. Elle ajoute, pour clore la question, que de toute façon, il utilise la seule baignoire de la maison, celle qui jouxte la chambre parentale. J’insiste en soulevant les questions de l’intimité du couple et de l’omnipotence de leur fils, ce qui me donne l’occasion de soutenir la position du père, qui lui entend la signification de cette situation. Je dis alors: “Si on le considère comme un bébé, alors oui un bébé peut être calmé dans le lit des parents; si c’est un adolescent, alors sa place n’est pas là” ; après m’être identifié au couple parental dans un positionnement paternel, je me mets à la place de Miguel, je le fais parler en moi dans une langue différente que celle, souvent concrète, des parents: “Dans votre lit, je prends toutes les places et je prends le contrôle de votre sexualité”. La mère ne fait pas le lien avec ce qu’elle affirme pourtant avec virulence par ailleurs lorsqu’elle dit par exemple: “Tout est à lui ici, nous on n’a qu’à fermer notre gueule!” Pourtant, lorsqu’à la suite de cette séance, le père chasse Miguel du lit parentoconjugal, ce dernier, contrairement à d’autres situations, ne se met pas en colère mais comprend et accepte.
Lorsque j’interroge la question de leur accord mutuel sur les décisions concernant leur fils, la différence de tonalité se fait entendre; Monsieur, qui vient de perdre sa mère, est fatigué, déprimé, un peu “mou”, ce que Miguel lui renvoie à la figure en le traitant à chaque conflit ou tentative d’intimidation de “pédé” et de “tantouze”. Miguel interroge ainsi ses origines, renvoyant à la figure de son père qu’il n’a pas été capable de le concevoir, renvoyant une image du père aussi faible que dévalorisée. Le père s’énerve parfois mais repère en même temps certains mouvements de son fils. Alors qu’au début des conflits, Miguel cassait tout, menaçait, tentait d’escroquer ses parents avec un copain de la cité, volait la carte bleue de son père et encore le bousculait ou lui donnait des coups, l’appel récurrent de la police, ainsi que les plaintes déposées pour les violences physiques ont un effet calmant. Miguel dit ainsi à son père lors d’un récent conflit: “Je vais pas te taper, tu vas appeler les flics”.
Un jour, le père est empêché au moment de venir à la séance. C’est ce moment que choisit Miguel pour revenir à la consultation, seul avec sa mère, à la façon d’un couple; ils me laissent penser que le scénario œdipien est mis en acte davantage que fantasmé. J’apprends qu’elle crie après lui lorsqu’elle entend qu’il parle de façon grossière au téléphone avec ses copines, langage composé notamment de gros mots et autres images crues qu’elle utilise pourtant régulièrement. Dans cette séance apparaît clairement le lien d’interdépendance entre eux deux, notamment via les appels téléphoniques – jusqu’à vingt par jour, commençant souvent par un “T’es où?” énoncé par chacun –, au point que je suggère à la mère de cesser d’écouter les conversations que Miguel a avec ses copines, tandis que lui accepte l’idée de ne pas réveiller ses parents lorsqu’il rentre tard le soir. Lorsque je demande à la mère ce qui l’empêche d’éteindre son téléphone portable, elle répond qu’elle ne peut pas faire ça, car “on ne sait jamais”, elle veut rester joignable en cas de catastrophe. Le fantasme d’une potentielle catastrophe est constant, régulièrement relancé par les passages à l’acte de son fils. Le lien de dépendance est énoncé par Miguel lorsqu’il dit à sa mère: “Mais le soir, je ne pars de la maison pour aller voir mes copains que quand tu n’as plus besoin de moi!” Il ajoute qu’il veut avoir les “trucs cools” de son père, comme son vélo, son rasoir, son peignoir; il emprunte aussi les chaussettes de sa sœur, ou la serviette de sa mère, précisant que la serviette de sa mère “sent bon”. Lorsqu’il se présente à un rendez-vous en vue d’une réinsertion professionnelle, il lui dit: “Tu vas voir, tu vas être super-contente”, confirmant qu’il fait ça pour elle et non pour lui.
Aux origines du couple
Lors d’une séance au cours de laquelle le père arrive en retard, la mère avoue avoir fait un chèque en blanc à son fils, alors qu’elle se plaint de son harcèlement financier. Les positions paradoxales alimentent la folie d’un lien passionnel enfermant qui lui fait constater qu’elle aime son fils plus que tout, “c’est l’amour fou”, s’exclame-t-elle. Lorsque je sonde la vie du couple, Madame indique sans fard qu’ils n’ont plus de vie sexuelle depuis trois ans, Monsieur confirmant qu’il a perdu tout “appétit” sexuel. Madame laisse entendre que ce problème sexuel a toujours existé, qu’elle a dû “le violer” pour pouvoir coucher avec lui. Monsieur, mal à l’aise, ne conteste pas les propos de sa femme. Violente et sans altérité possible, la sexualité reste avant tout investie sur un mode infantile, dans un lien insécable mère/bébé-adolescent. Cette absence de vie sexuelle est concomitante de l’entrée de Miguel dans l’adolescence qui réactive leur propre conflictualité œdipienne. Qu’en est-il en effet de l’élaboration de leur conflit œdipien? Dans quelle mesure – chez chacun d’entre eux et sans doute selon des modalités différentes – celui-ci n’a pas été suffisamment désinvesti, produisant un interdit de sexualité puis un interdit de parentalité?
La sexualité de couple disparaît si tout est focalisé sur l’attention portée à l’enfant, ce jouet érotique (Freud, 1916) incestueux. Il ne saurait advenir de séparation d’un adolescent sans capacité parentale à renoncer à la prise en charge émotionnelle du bébé, de l’enfant puis de l’adolescent. Ce mouvement implique une violence psychique dans le sens où grandir est un acte fantasmatiquement agressif (Winnicott, 1980); cette violence ouvrant la voie de la séparation est ici rabattue par les violences physiques, corps à corps anti-élaboratifs (Houssier, 2023).
De son côté, Miguel signale l’existence d’un travail psychique à bas bruit via certains actes transgressifs qui signent la régression, souvent transitoire, à un langage de l’acte (Houssier, 2008). Ces actes sont des symptômes d’appel, appel de l’objet et d’une réponse de l’environnement, ce que Winnicott (1971) a condensé sous la nomination de “survie de l’objet”. Il est question de détruire en fantasme l’objet qui a survécu: “Pendant que je t’aime, je te détruis continuellement (inconsciemment) en fantasme”, ici retourné en son contraire, selon la logique de réversibilité des fantasmes inconscients.
Pendant que Miguel fait endurer mille tourments à la famille, selon les parents, pendant qu’il attaque les liens, il n’a de cesse de montrer sa dépendance et son amour insatiable, féroce et impitoyable. La punition attendue pour ses méfaits, si sévère soitelle, est, selon Klein (1927), rassurante en comparaison des attaques meurtrières attendues de la part des imagos parentales cruelles, si agissantes de l’intérieur. L’autorité maternelle sur son fils est réelle mais intermittente; prisonnière de mouvements paradoxaux délétères, sa toute-puissance ne peut être pas remise en cause comme celle de la mère des premiers soins. Celle-ci doit progressivement renoncer à pouvoir tout pour son enfant, et renoncer au pouvoir omnipotent caractérisant l’illusion anticipatrice maternelle propre au temps de la préoccupation maternelle primaire. On pense depuis quelques années au bébé qui vit dans l’adolescent, on en oublierait le bébé qui vit dans chaque parent, remobilisé par l’adolescence de son enfant.
Ces attitudes de Miguel ont une dimension maniaque venant réparer la dépression maternelle masquée. À chaque fois qu’une zone de calme est atteinte, que les parents commencent à souffler et à se retrouver, Miguel vient, avec la complicité de la mère (qu’elle peut souvent reconnaître), remettre le feu à la relation, réanimer sans cesse une maison et sans doute un couple tristes, sous la férule d’une mère qui n’a pas pu élaborer la perte de ses parents au moment de faire sa vie d’adulte. Restée longtemps une adolescente peu ouverte sur le monde extérieur, elle fait le récit de sa rencontre avec Monsieur qui est le premier et seul homme de sa vie d’adulte. Puis, elle révèle en souriant qu’ils se sont rencontrés par l’intermédiaire de la sœur jumelle de Monsieur, celle-ci étant la femme du frère de Madame. Par ces liens fraternels croisés émerge à nouveau une représentation incestueuse des fondements de leur couple, dimension dont ils ne semblent pas avoir conscience. Pourtant, les difficultés sexuelles de Monsieur, associées à l’image d’un couple ni géniteur ni génital vis-àvis de Miguel, indiquent que la représentation de ce couple relève de ce que F. Héritier
(1995) nomme l’inceste de deuxième type.
Ce lien de couple est donc pris dans les rets d’un fantasme incestueux associé à une infertilité venant confirmer par le réel le fantasme castrateur d’empêchement (voire de malédiction dans le mythe d’Œdipe). Face à ses angoisses et désirs de mort, la mère a ainsi une confirmation constante que son fils n’a pas été tué par ses attaques fantasmatiques, tout en étant l’animateur de la famille, jusqu’à l’épuisement de tous. Dans ce contexte, le père, personnage un peu falot, apparaît comme un tiers fragile. Il semble perdu dans un nid aux bébés (Meltzer, 1989), nid familial intégrant le père parmi les bébés, et géré-dominé par une mère omnipotente.
Ce n’est pourtant pas seulement le nid aux bébés qui est donc reconvoqué par l’adolescence, mais la toute-puissance magique des désirs où l’inversion des origines ouvre sur un fantasme de permutation des places: le bébé-père qui se déprime et se met en colère, et Miguel le parent qui donne à sa mère de quoi l’apaiser en confirmant ses angoisses, et par conséquent une part essentielle de sa vie psychique. La confusion des générations prend le pas sur la possibilité pour chacun de trouver et de restaurer sa place, réelle comme fantasmatique.
Conclusion
Il existe une nécessité régressive consistant, pour les parents, à maintenir un certain régime de tendresse réactivant la dépendance de l’adolescent liée à la détresse originaire. Chez les parents qui ont inscrit en eux la tiercéité œdipienne incluant les limites et la loi symbolique, la tendresse est une partie du lien qui structure le sentiment d’appartenance familiale (Robert et Houssier, 2011).
L’adolescent met ainsi en intrigue sa vie infantile comme celle de ses liens familiaux, incluant celle du bébé blessé qu’il fut. Il établit une temporalité défaillante jusqu’à ce qu’advienne l’acte. “J’agis, donc je suis” pourrait être la devise latente de ces adolescents; cette proposition pourrait être complétée par un deuxième axiome: “Je me vois agir, donc j’ai la preuve que j’existe”, ou encore, pour Miguel: “Ma mère me voit agir, donc je la satisfais”.
Les deux situations cliniques explorées suggèrent que l’adolescent, par l’accès à la génitalité, participe inconsciemment au réveil de la libido d’un de ses parents, ici au service d’une excitation sans décharge et dans un lien d’emprise entravant tout travail de séparation psycho-affectif. Cette excitation, pour être élaborée dans le sens de l’organisation œdipienne (Gutton, 1991, p. 85), est censée être reconnue par ce parent. Chaque parent est censé reconnaître le pubertaire de l’enfant et déplacer l’excitation sur un partenaire qui intègre le tabou de l’inceste au niveau interne et familial (ibid., p. 87). Chez la mère comme chez le père, lorsque le pubertaire parental révèle une impasse dans les enjeux psychiques de séparation et de différenciation sujet/objet, les réactions et attitudes du parent ou des parent(s) concerné(s) ont l’apparence de positions perverses retournées en moralité éducative qui masque mal la satisfaction à voir les transgressions agies de l’adolescent. Ce qui entraîne une double remarque: lorsque le pubertaire ne fonctionne pas comme “élaborateur” de l’infantile, on perçoit cliniquement à quel point le perversif polymorphe prend le dessus, incluant ses composantes transgressives incestueuses; le désir d’emprise sur l’adolescent raconte ce qui a été vécu précocement par la mère dans sa propre histoire, toute séparation étant vécue comme meurtrière, comme la fin mélancolisée d’un monde relationnel à la fois déchu et idéalisé.
Érotique du lien mère/fils chez l’adolescent délinquant: l’emprise comme envers de la tendresse œdipienne
Florian Houssier
https://doi.org/10.69093/AIPCF.2024.30.01
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