REVIEW N° 14 | YEAR 2015 / 1
Summary
Becoming a teenager: a dream or a nightmare for the family
The adolescent today is not the same tomorrow, this time of growth is a point of arrival but also a starting point on the way of becoming adults, which puts before the task of forming new psychic functions, with order to be able to contain the processes that enable it become an adolescent, which imply a intra and intersubjective relation, a process that can be thought of a logic of “learning from experience”.
This period of development is characterized by moments of turmoil and disharmony, which takes place during the (re)construction of the subject, which is only possible in relation to the(s) Other(s), in particular with family which constitutes as a “field” privileged for the expression of strong contrasts and intense movements of projective identification, a time that is being built abroad expressed in many creative ways, particularly in poetry, art, music, dance.
Keywords: adolescence, transformation, family, field, intersubjectivity
Résumé
Devenir adolescent : un rêve ou un cauchemar pour la famille
L’adolescent d’aujourd’hui n’est pas le même de demain, ce moment de la croissance est un point d’arrivée, mais aussi un point de départ sur le chemin de devenir un adulte, ce qui le place devant la tâche de former de nouvelles fonctions psychiques, afin de pouvoir contenir les processus qui lui permettent de devenir un adolescent, lesquels impliquent une relation intra et intersubjective, dans un processus qui peut être pensé dans une logique de « l’apprentissage par l’expérience».
Cette période du développement est caractérisé par des moments de troubles et de discorde, pendant lesquels a lieu la (re)construction de le Moi, ce que n’est possible que dans la relation avec l’autre/les autres, en particulier avec la famille qui constitue comme un «champ» privilégié pour l’expression de grands contrastes et d’intenses mouvements de l’identification projective, dans en temps intérieur qui s’expresse à l’extérieur, de nombreuses façons créatives: la poésie, l’art, la musique, la danse.
Mots-clés: adolescence, transformation, famille, champ, intersubjectivité
Resumen
Convertirse en adolescente: un sueño o una pesadilla para la familia
El adolescente de hoy no es el mismo que el del mañana, este tiempo de crecimiento es un punto de llegada, sino un punto de partida en el camino de convertirse en un adulto. Se pone ante la tarea de formar nuevas funciones psíquicas, con el fin de ser capaz de contener los procesos que le permita convertirse en adolescente. Procesos que implican una relación intra e intersubjetiva, una etapa lógica de “aprender de la experiencia”.
Este período de desarrollo se caracteriza por momentos de confusión y ausencia de armonía, que tiene lugar durante la (re)construcción del Yo, que sólo es posible en relación con lo(s) Otro(s), en particular con la familia que se constituye como un “campo” privilegiado para la expresión de fuertes contrastes y movimientos intensos de la identificación proyectiva, en un momento interno expresado fuera de muchas maneras creativas: la poesía, el arte, la música, la danza.
Palabras clave: adolescencia, transformación, familia, campo, intersubjetividad
ARTICLE
Devenir adolescent : un rêve ou un cauchemar pour la famille[1]
ISABEL M GONZALEZ DUARTE DA CUNHA[2]
L’adolescence est une période du développement caractérisée par le passage de l’enfance à l’âge adulte, ce qui place l’adolescent devant la tâche difficile d’établir de nouvelles fonctions psychiques, afin d’être en mesure de contenir les processus qui lui permettent de devenir un adolescent. Il s’agit d’un processus pour Vassalli (2001) similaire à celui d’un artiste, car son travail commence à émerger. Le résultat de son ouvrage n’est pas nécessairement quelque chose qui existait déjà et ne peut être compris qu’à cause de son occurrence au cours du processus de création, comme une improvisation d’une tâche spécifique, qui permet l’apprentissage de ce problème tout en essayant de le résoudre (Vassalli, 2001). Nous sommes ainsi devant le processus du devenir, raison pour laquelle nous pouvons le penser en utilisant le concept de la techne, désignée par Aristote comme “activité habile”, s’appelant poiesis et qui accompagnait son but dans la production d’un travail spécifique. Ainsi, il s’agit d’un concept qui nous permet de réfléchir aux processus de construction, présents dans le sujet, car il a pour but la construction d’un objet spécifique (Vassalli, 2001). Prenez par exemple une sculpture faite à partir d’un morceau de bois laquelle sera, à la fin, une œuvre d’art, mais q’au début n’est plus q’un morceau de bois avec ses reliefs et ses recoins. De même façon que l’adolescent avant de l’être, n’est qu’un enfant avec des rêves, des désirs et de nombreuses curiosités.
Un fils devenir adolescent représente un rêve pour beaucoup de parents. C’est le moment de pouvoir partager de nouveaux idéaux, de (re)construire les relations infantiles menant à de nouvelles relations, plus adultes. Toutefois, pour de nombreux parents, ce moment du développement devient le pire des cauchemars! Aujourd’hui l’adolescence est très différente de celui qu’elle était il y a quelques années, les jeunes sont confrontés avec des situations très différentes, de nouveaux dangers incitent les jeunes et inquiètent leurs familles. Nous ne parlons seulement des drugs, mais plutôt d’un type de drugs, les plus classiques étant donné lieu à des design drugs, produites dans le laboratoire, donc avec plusieurs d’effets plus défavorables. L’internet est un autre danger très référencé, peut-être le prix du progrès, de la vitesse constante vécue aujourd’hui où tout est à la distance d’un “clic“, ce qui a pris la famille à souffrir de profondes transformations. En quelques décennies, nous avons passé d’un contexte de famille élargie, où plusieurs générations partageaient le même endroit, pour les familles “non satisfaites” dans lesquelles les parents et les enfants ont des vies parallèles, dans lesquelles les uns et les autres se déplacent à un rythme furieux, se détonant une ignorance généralisée de la vie des uns et des autres, laissant l’adolescent très seul, très délaissé pendant son parcours pour devenir un adulte.
Pendant l’adolescence les processus d’identité et d’identification sont en construction. Au cours des années, de nombreux modèles ont essayé de décrire cette période du développement. Les références les plus classiques concernent le modèle structurel, auquel la théorie de la sexualité, développée dans les travaux de Freud (1905/1981), était valorisée. Dans ces travaux la puberté donne lieu à l’apparition des transformations qui opèrent le passage de la vie sexuelle de sa forme d’enfant à adulte. Dans d’autres développements, la submersion ou l’affaiblissement de l’ego devant l’augmentation de la tension pulsionnelle était valorisée, étant détaché la construction d’instances idéales, en augmentant l’importance de l’objet à l’adolescence, décrivant la tension intérieure comme façon de conduire à de nouvelles relations du Moi et du Ça.
Plus tard, nous avons commencé à utiliser le modèle de deuil (Freud, 1917/1969), en se concentrant sur l’analyse des discontinuités et le besoin de l’intégration. Certains auteurs se réfèrent à la dépression et la décrivent comme normal, compte tenu le besoin de procéder aux deuils obligatoires associés au sentiment de perte (Dias & Vicente, 1984). Cette description est fondée sur un grand nombre de travaux réalisés sur l’adolescence. Blos (1962/1985) et Laufer (1964/1980) considèrent que l’adolescence est une période où les deuils et les pertes successives se produisent et dans laquelle le corps sexué et l’Idéal du Moi émergent et les nouvelles identifications ont lieu. Birraux (1990) se réfère au corps en transformation, l’identification et la sexualisation.
Ne voulant pas m’allonger dans une description approfondie des cadres théoriques sur l’adolescence, je dois simplement placer mon inscription dans les approches les plus récentes qui décrivent les processus en transformation et en construction, à partir desquelles il est possible d’intégrer le nouveau encore inconnu. La notion de «processus de transformation» développée par Braconnier (1985) nous permet de décrire la transformation des processus psychiques qui sont en cours pendant cette période du développement. Ainsi, les modèles qui découlent de la théorie des relations d’objet sont ceux que mieux nous permettent de rendre compte de ces processus, en particulier les notions de Bion (1970/1991) de «changement catastrophique» qui va conduire à la mise en place d’une «barrière du contact» rendant possible les échanges entre le conscient et l’inconscient, en permettant de rendre compte des processus psychiques qui sont impliqués à devenir un adolescent.
Je distingue en particulier les transformations qui ont lieu pendant l’adolescence au niveau du corps. Pour certains auteurs, ces transformations conduisent à une nouvelle configuration de la relation de l’objet original, mais maintenant, avec la prise de conscience des changements radicaux qui s’opèrent pendant ce processus (Lombardi, 2002). Le corps est un espace d’expression et de communication, à Matha (2010), il peut être considéré comme un “lieu miroir” de ce qui appartient au monde intérieur et extérieur, par rapport à l’autre, dans le processus de développement de l’adolescent. Pour Eiguer (2008), le corps est constitué comme un élément fondamental de la représentation du sujet, cars il fait partie de qui nous sommes et nous représente dans la relation avec les autres.
Le corps est souvent un cauchemar pour les adolescents et pour les parents. Les troubles alimentaires, où le corps est le miroir de la souffrance psychique, sont très communs à l’adolescence. Un corps qui mûrit rapidement, d’un point de vue biologique, capable de vivre la sexualité précocement, souvent vécue dans un dégagement digne d’une performance artistique, mais sans la formation des processus mentaux, sans une place pour la relation, pour la subjectivité fondamentale dans la rencontre entre deux personnes. Eiguer (2008) fait référence au besoin de l’intersubjectivité pour développer l’affectivité, permettant la construction d’un autre langage avec une valeur symbolique, le langage du corps, unique et singulier. Bollas (2011) attire l’attention sur les changements en cours dans le processus de devenir adolescent, lesquels soulèvent le besoin de créer un jeu intérieur d’émotions, générateurs d’un processus créatif, qui est un pilote pour les relations interpersonnelles et qui constitue la subjectivité.
Pour le meilleur développement d’un adolescent, la famille doit lui permettre de constituer son identité intégrante et unitaire (Eiguer, 2008). C’est dans ce contexte que la famille joue un rôle fondamental, étant elle-même comme un ” lieu miroir “ qui puisse donner sens et signification à la douleur psychique, qui est vécue par les adolescents. C’est la capacité d’internaliser cette fonction, en l’utilisant dans les dialogues intersubjectifs, qui permet le développement d’une capacité introspective, laquelle se constitue comme essentielle pour le meilleur développement de la relation intra et inter-subjective. Pour Carper (1999), à la fin de l’adolescence nous attendons qu’une relation avec les parents comme des objets réels puisse être établie, compte tenu la plus grande capacité à se différencier par rapport à l’Autre/aux Autres.
Ainsi, devenir adolescent, rêve que personne ne veut voir transformé en cauchemar, doit être pensé dans une logique de «l’apprentissage par l’expérience» (Bion, 1962/1991), car les uns et les autres, l’adolescent et la famille, effectuent un parcours dans lequel nous trouvons des mouvements très contrastés, qui oscillent entre le désir de devenir et celui d’être en transformation, dans une alternance entre les positions actives, où l’affirmation du sujet domine, et les positions passives, marquées par le retrait, se fermant dans la relation avec l’Autre.
Quand nous pensons à la relation de rencontre entre le sujet et l’objet la référence au modèle de transformation de Bion (1965/1982) est inévitable, car c’est celui qui explique le mieux la relation de rencontre et de communication entre le sujet et l’objet, et l’objet et le sujet, entre intérieur et extérieur, passé et présent, dans une (re)création de nouveaux objets avec de nouvelles fonctionnalités et qualités. La famille est un lieu privilégié pour la mise en œuvre des transformations qui se produisent dans le processus de devenir adolescent. Nous pouvons considérer la famille comme le potentiel des relations établies entre l’Un et l’Autre/les Uns et Autres, une dynamique relationnelle, constituant un «champ» au sens de Ferro (2007/2011), puisque, selon ce point de vue, l’important n’est pas la façon de fonctionner de l’adolescent, mais plutôt la possibilité d’observer la relation entre le fonctionnement et les dysfonctionnements dans le rencontre, dans la relation, puisque c’est là qu’un champ est crée, dans lequel les transformations se produisent.
Pour finaliser, il convient de noter que le rêve de devenir un adolescent, doit être compris comme un processus de découverte et de construction du Moi, lequel n’est possible que dans la relation avec l’Autre/les Autres. Au cours de ce processus de croissance la famille a une grande importance. Pour que le processus de devenir adolescent fonctionne bien, la famille devra être comme un «champ», c’est à dire, comme un endroit continent, qui transforme les mouvements intenses de l’identification projective, la confusion des sentiments et des émotions à ce moment du développement, lesquels ont besoin d’être (re)signifiés, par le développement d’une relation intra et intersubjective.
L’expression de devenir adolescent est visible dans de nombreuses formes d’art, notamment dans la musique, mais aussi dans la littérature, en particulier dans la poésie. Je termine avec les mots du poète Jorge de Sena:
«Le danger qui existe
de ne pas vivre dans le temps …
de ne pas profiter de l’occasion
envoyée de l’infini pour nous …
Et comment en profiter?
Et comment savoir quel est la
nôtre?
Des questions inutiles
seulement de ceux qui ont oublié
de réguler par le rythme du
monde
son rythme (…) »
(op. cit; pp 125. “Retard”, Vol I)
“O perigo que há
em não viver a tempo…
em não aproveitar a
ocasião
mandada do infinito para
nós…
E aproveitá-la como?
E como saber qual é a
nossa?
Perguntas inúteis
só de quem esqueceu
regular pelo ritmo do
mundo
o ritmo seu (…)”
(op. cit; pp. 125; “Atraso”;
Vol I.
Bibliografía
Bion, W.R. (1962/1991). Learning from experience. London: Karnac.
Bion, W.R. (1965/1991). As transformações. As mudanças do aprender para o crescer. Imago: Rio de Janeiro.
Bion, W.R. (1970/1991). Atenção e Interpretação. O acesso científico à intuição em psicanálise e grupos. Rio de Janeiro: Imago Editora.
Birraux, A. (1990). L’adolescent face à son corps. Paris: Editions Universitaires.
Blos, P. (1962/1998). Adolescência. Uma interpretação Psicanalítica.
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Caper, R. (1999). A mind of One’s Own. A Psychoanalytic View of Self and Object. London: The New Library of Psychoanalysis.
Dias, A., Vicente, T. (1984). A Depressão no Adolescente. Porto: Edições Afrontamento.
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London and New York.
Freud, S. (1905/1989). Três ensaios sobre a teoria da sexualidade. In Textos Essenciais da Psicanálise Vol. II. Mem Martins: Publicações Europa América.
Freud, S. (1917/1969). Luto e Melancolia. In Edição Standart Brasileira das Obras Psicológicas Completas de Sigmund Freud Vol. XVIII. Rio de Janeiro: Imago Editora.
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Vassalli, G. (2001). The birth of Psychoanalysis from the spirit of Technique: what have we learned? How can we Apply it? International Journal of Psycho-Analysis, 82, 1, 3-23.
[1] Cet article a été basé sur une conférence donnée au premier colloque de Lisbonne, organisé par POIESIS sur le thème: le rêve en psychanalyse de couple et de la famille
[2] Doctorante en psychologie clinique à l’ISPA – UI; pratique clinique privée. Alameda D. Afonso Henriques 27, 1.º Dto., 1900-180 Lisboa TM: 00351962776707 e-mail: isabelmgdc@gmail.com