REVUE N° 23 | ANNE 2020 / 2
Résumé
Le travail de mélancolie dans le lien conjugal
Le lien de couple soutient un travail psychique, tout au long de la vie, de chacun de ses membres. Les deuils successifs, éventuellement exprimés par des crises, permettent des réaménagements intrapsychiques et intersubjectifs. Cet article s’appuie sur les travaux de Benno Rosenberg et sur son concept de travail de mélancolie à distinguer du travail de deuil.
Dans la mélancolie, le désinvestissement de l’objet deviendrait un désinvestissement de soi-même. Dans certaines situations, le lien conjugal fait revivre quasiment à l’identique les premières expériences sans qu’un processus de transformation ne puisse s’opérer. Dans le cadre thérapeutique, c’est le travail de contre-transfert qui peut, le cas échéant, permettre un dégagement sur une autre scène.
Mots-clés: couple, travail de mélancolie, groupe, séparation, travail de contre-transfert.
Summary
The work of melancholy in the couple link
The bond between a couple (or the couple link) sustains a psychic task, throughout the lives of each of its members. The successive bereavements, expressed eventually by crises, allow intrapsychic and intersubjective readjustments. This article is based on the work of Benno Rosenberg and on his concept of the work of melancholy as distinct from the work of mourning. In melancholy, disinvestment in the object would become a disinvestment in oneself. In some situations, the conjugal bond revives the early experiences almost identically without a process of change being possible. In the therapeutic context, it is the work of the countertransference that can, when appropriate, free up other possibilities.
Keywords: couple, the work of melancholy, separation, group, work of the countertransference.
Resumen
El trabajo de la melancolía en el vínculo conyugal
El vínculo de pareja sostiene un trabajo psíquico, a lo largo de la vida, de cada uno de sus miembros. Los duelos sucesivos, expresados eventualmente a través de crisis, permiten reajustes intrapsíquicos e intersubjetivos. Este artículo se basa en el trabajo de Benno Rosenberg y en su concepto de trabajo de melancolía, a distinguir del trabajo de duelo.
En la melancolía la desinversión del objeto se convertiría en una desinversión de sí mismo. En algunas situaciones, el vínculo conyugal hace revivir casi idénticamente las primeras experiencias sin que pueda producirse un proceso de transformación. En el marco terapéutico es el trabajo de la contra-transferencia que puede, en caso necesario, permitir un lanzamiento en otra escena.
Palabras clave: pareja, trabajo de melancolía, separación, grupo, trabajo de contratransferencia.
ARTICLE
Introduction
Par ce titre je voudrais souligner deux aspects. Le lien peut être structurant, ou plus exactement il peut contribuer à une sécurité de base. Cela est corrélatif à la capacité subjective de constituer des liens secondaires qui, eux-mêmes, se réfèrent à la qualité des liens primaires.
Mais le verrou de la subjectivité vise à souligner l’imbrication de deux subjectivités dans un couple, même si la subjectivité “totale” est un mythe, et même si elle peut parfois être pensée comme une idéologie. Dans certains cas, cette imbrication constitue un lien non plus structurant mais aliénant.
L’argument de cette Journée francophone de l’AIPCF, même si j’y ai contribué, ne me paraissait pas si simple et m’a poussé à retravailler la question de la mélancolie.
Pour ce faire, je me suis replongé dans le texte de Freud (1917) que j’avais présenté, il y a fort longtemps, à un séminaire de la SPP mais qui, comme toujours chez Freud, gagne à être repris. Surtout, j’ai redécouvert le travail de Benno Rosenberg (1991) sur le masochisme et la mélancolie, ce qui, là aussi, m’a rappelé certains souvenirs, ayant participé également à son séminaire.
Deux problèmes me sont apparus. Comme l’a proposé Janine Puget, le couple doit être pensé dans la dimension actuelle du lien. J’ai moi-même souligné cet aspect (2005) tout en accordant une part non négligeable au passé personnel. Si on parle de mélancolie, il est difficile de ne pas postuler la répétition d’une perte ou, si nous sortons d’une causalité trop “historique”, sans penser à une mauvaise qualité du lien primaire. Dans les deux cas, nous sommes du côté du traumatisme, que ce soit par excès ou par carence.
L’autre question concerne le sujet et le groupe: la mélancolie est-elle la conjonction de deux histoires – ou structures – personnelles qui se rencontrent?
J’aurais tendance à répondre oui dans les deux cas: oui pour la répétition et oui pour deux sujets a minima différenciés, rappelant que le couple n’est pas un groupe primaire. On voit, en tout cas, comment la question de la mélancolie réinterroge de façon paradigmatique le lien conjugal.
Bien sûr, nous pourrions prendre l’exemple d’un couple ayant vécu une catastrophe. Je pense notamment à un drame comme la perte d’un enfant. Il est sans doute possible, dans certains cas, de parler de deuil pathologique, même si le terme paraît parfois indécent. Je pense au film La chambre du fils ou à la pièce de théâtre Qui a peur de Virginia Woolf? Dans ces situations, la façon de faire face, c’est-à-dire de continuer à vivre, voire à survivre, n’est pas la même.
Je ferai à nouveau deux remarques:
- La première concerne le vécu de catastrophe une fois que le couple est constitué, comme je viens de l’évoquer. C’est différent lorsque nous pensons la mélancolie dans la constitution même du couple.
- La deuxième remarque consiste à discriminer deuil pathologique et mélancolie; cela nous ramène à préciser ce dont nous parlons. Freud définit le deuil pathologique par deux des trois caractéristiques de la mélancolie: la perte d’objet et l’ambivalence. Il ne mentionne pas la troisième caractéristique de la mélancolie, à savoir l’identification.
En suivant les travaux de Freud puis de Rosenberg, je vais d’abord évoquer les effets de la mélancolie sur le sujet et sur sa façon d’être en lien avec l’autre. Dans un deuxième temps, je me centrerai sur le couple pensé si ce n’est comme un groupe, tout au moins comme un emboîtement de problématiques.
Le travail de mélancolie
D’abord, je voudrais apporter une précision: la mélancolie n’a rien à voir avec la nostalgie. La nostalgie est une “douleur refuge” qui nous permet de garder des parts d’illusion et de continuité. La mélancolie est un état de souffrance extrême qui verrouille le sujet dans son rapport à lui-même et à l’autre.
Bien entendu, il y a sans doute, dans le collectif, une part de mélancolisation. Cela n’est pas sans effet sur les institutions, les groupes, les familles, les couples… Mais je voudrais aborder mon propos de façon différente.
L’expression “travail de deuil” est utilisée couramment et parfois un peu à tort et à travers. Il s’agit d’un véritable travail psychique, très bien décrit par Freud, dans Deuil et mélancolie (1917); on prend souvent pour équivalent le deuil d’une personne réellement décédée et le deuil d’un conjoint, voire d’un travail, d’un projet, d’une idée… Ce que nous apporte notamment Benno Rosenberg (1991) est de distinguer plus clairement deuil et mélancolie, mais aussi et surtout de parler d’un travail de mélancolie. Or, nous sommes parfois figés et nous pensons que la mélancolie est un état stable et non un processus. Ce qui marque véritablement le travail de mélancolie, ce n’est pas par la perte ou l’acceptation progressive de la perte de l’objet, mais plutôt d’assurer les conditions de cette perte, ce qu’il appelle la “détachabilité”. «Dans le travail de deuil, il s’agit de réaliser le détachement de l’objet perdu (même avec difficulté) alors que dans le travail de mélancolie il s’agit, avant que le détachement soit possible d’assurer la détachabilité» (Rosenberg, 1991, p. 100).
Rosenberg souligne l’importance du choix narcissique d’objet: «Investir narcissiquement un objet, c’est s’investir soi-même à travers l’objet ou, si l’on veut, s’investir soi-même dans le miroir de l’objet. Si cela est vrai, désinvestir l’objet veut dire en fait se désinvestir soi-même. Accepter que l’objet soit perdu c’est se perdre soi-même. Le mélancolique ressent la perte d’objet comme une perte de soi, comme un désinvestissement narcissique de soi» (ibidem, p. 101), et plus loin il précise: «dans le travail de mélancolie, l’investissement narcissique de l’objet empêche le désinvestissement de l’objet car, encore une fois, le désinvestissement de l’objet devient désinvestissement (narcissique) de soi» (ibidem).
Le Moi est coincé entre l’impossibilité de désinvestir l’objet et l’impossibilité de continuer à l’investir. C’est fondamental car cela conduit à confondre le Moi et le Nous. Dans Pour introduire le narcissisme (1914), Freud parle de deux types de choix d’objet: narcissique et par étayage – soulignant, en référence à la dyade mèrebébé, qu’on ne peut distinguer les deux. Or, dans ce qui nous concerne, il s’agit bien d’un investissement narcissique exclusif ne pouvant reconnaître l’objet dans son altérité.
Nous voyons l’importance, dès l’origine – en l’occurrence, ici, la constitution du couple – de la qualité de l’investissement – en l’occurrence, narcissique – mais aussi de la quantité d’investissement.
Par ailleurs, et comme le souligne Josiane Chambrier-Slama (2019): «Dans la mélancolie, le préconscient étant hors-jeu, l’introjection-identification devient la condition, le moteur principal, de l’élaboration» (p. 50). Or, nous savons à quel point le préconscient joue un rôle dans les processus d’historicité et de mise en lien. La censure entre le préconscient et le conscient sélectionne plus qu’elle ne déforme. Le préconscient désigne ce qui est implicitement présent dans l’activité mentale. Le préconscient est l’agent refoulant, c’est lui qui fournit les contre-investissements nécessaires au maintien de la représentation inconsciente dans l’Inconscient. Mais parfois le préconscient prend une fonction d’intermédiaire entre les contenus de l’Inconscient et leurs prises de conscience.
Le préconscient soutient les processus de transformation que subissent certains des contenus et des processus inconscients pour retourner à la conscience.
L’activité du préconscient soutient l’activité de rêverie, l’imagination du roman familial et des théories sexuelles infantiles. Mais le préconscient est, par essence, un espace intermédiaire entre les instances psychiques, et aussi entre les sujets, Kaës (2002) écrit ainsi: «Comme dans les premiers temps de la différenciation de l’appareil psychique, la formation du préconscient est tributaire de l’autre, essentiellement de son activité de représentation de paroles adressées à un autre. Cette fonction est primitivement soutenue par la mère lorsqu’elle se constitue comme porte-parole vis-à-vis des stimulations internes et externes de l’enfant. C’est de cette manière que la formation du préconscient est fondamentalement liée à l’intersubjectivité» (p. 81).
Dans certaines situations, l’introjection et son potentiel de transformation peinent à se réaliser. Ainsi – comme nous le verrons – dans certains couples, c’est comme si le temps était figé et que rien ne pouvait changer.
Le couple comme un groupe
Jean-Georges Lemaire (1979) écrit: «Les caractéristiques personnelles du partenaire sont sélectionnées en vue de renforcer les mécanismes de défense destinés à barrer la route aux pulsions partielles, et principalement à celles d’entre elles qui restent étrangères à l’ensemble pulsionnel» (p. 65).
La dimension narcissique est également essentielle. Comme dans les processus groupaux, elle prend la forme d’une projection de l’idéal du moi du sujet: «C’est par une identification de caractère narcissique, dans le cadre d’une “guérison par l’amour” – comme le dit Freud – qu’il tente de guérir […]» (ibidem, p. 137).
Kaës a proposé le terme “pacte dénégatif” pour illustrer les alliances inconscientes défensives à l’œuvre dans la constitution d’un couple. Il s’appuie notamment sur la notion de contrat narcissique que proposait Aulagnier quant aux attentes inconscientes réciproques entre l’enfant et le groupe. Tout enfant a la mission d’assurer la continuité de l’ensemble auquel il appartient. Le discours contient les idéaux et les valeurs du groupe, que le sujet doit reprendre à son compte. Il est relié au groupe par cet investissement narcissique. Kaës (2009) insiste sur deux polarités du pacte dénégatif: l’une organisatrice et l’autre défensive. C’est un accord inconscient soutenant la constitution du lien et son maintien. «Un accord inconscient sur l’inconscient est imposé ou conclu pour que le lien s’organise et se maintienne dans sa complémentarité d’intérêt, pour que soit assurée la continuité des investissements et des bénéfices liés à la subsistance de la fonction des Idéaux, du contrat ou du pacte narcissique» (p. 121).
Dans les cas heureux, nous pouvons penser les liens de couple non pas dans une bulle, mais dans une régulation narcissique. Il en va de même dans les groupes. L’individu est dans un mouvement constant d’aller-retour et de “négociations” entre l’amour qu’il se porte à lui-même, l’amour qu’il se porte à lui-même à travers l’objet, l’amour qu’il porte à l’autre et aux autres. L’équilibre d’un couple comme d’un groupe tient à la capacité de vivre les déséquilibres – voire d’y participer – dans une recherche constante d’espace psychique individuel et groupal. L’enveloppe fait tenir ensemble les individus, certes; la libido est toujours présente dans les groupes, certes, mais dans le groupe comme dans le couple, ce sont les mouvements entre les pulsions d’amour et les pulsions de tendresse, entre l’état amoureux et le désir sexuel, qui maintiennent la tension nécessaire aux liens.
Deux remarques cliniques:
Il est courant de dire: “Quand un membre du couple commence une analyse, le couple se sépare”. En reprenant ses “billes”, c’est comme si le besoin d’utiliser les défenses de l’autre disparaissait.
Autre remarque: lorsqu’un membre du couple traverse des épreuves personnelles lui faisant “rebattre les cartes” de sa filiation, cela remet là encore en question la qualité des imbrications défensives.
Il y a un risque, quand on parle de perte d’objet à propos du couple, de ne parler que de séparation avec l’autre, alors qu’il s’agit d’une impossible perte de soimême.
Quand la séparation n’existe pas
Je pense qu’on sous-estime la force des alliances inconscientes. Nous voyons, assez clairement, le point de vue topique et la façon dont les problématiques de deux sujets s’imbriquent au moment de la constitution d’un couple. Mais qu’en est-il de la dimension économique? On a le sentiment, dans certains cas, que la mise en couple a été, pour chaque partenaire, presque une question de vie ou de mort. Cela souligne, j’y reviens, la force de l’investissement.
La plupart du temps, les alliances inconscientes sont pensées, à juste titre, dans leur aspect dynamique, c’est-à-dire défensif, mais en les reliant trop souvent à l’histoire dans la réalité. L’aspect historique, c’est-à-dire un élément traumatique ou catastrophique, est essentiel mais pourrait faire penser à des aspects plus conjoncturels que structurels. Si c’est le cas, la réalité psychique va être plus facilement mobilisable sous forme, notamment, d’un travail de deuil.
Mais nous savons aussi comment certaines séparations peuvent être vécues comme un arrachement, au sens physique du terme. Elles peuvent conduire à différents scénarios, comme des actions extrêmement violentes mais aussi à une chute dans la mélancolie qui était jusque-là recouverte. Si on perd l’objet, on se perd soi-même. D’une certaine façon, nous avions tout mis dans l’autre, ou plus exactement nous nous étions trop reconnus dans l’autre. Pendant plusieurs années, j’ai effectué des expertises pour des droits de garde; j’ai été confronté à des situations lourdes et violentes; il me semble que, dans ces situations, nous allons trop vite pour donner des “étiquettes” psychopathologiques, principalement du côté de la paranoïa et/ou de la perversion. Ce dernier point concerne directement notre propos. Il ne s’agit pas ici d’éléments conjoncturels mais plutôt de penser que le couple s’était structurellement constitué dans un investissement narcissique.
Des défenses perverses peuvent alors réguler le lien. Je ne parle pas ici nécessairement du sadomasochisme, même si cela peut être le cas. Je pense surtout à l’organisation du déni pervers de la castration: “La castration existe, mais quand même”.
Notons également deux points complémentaires.
L’un des partenaires peut dire: “Je sais mieux que toi ce dont tu as besoin”. L’important est de bien comprendre que cette formulation n’est pas une manipulation, mais une conviction sincère. Nous ne formons “qu’un seul corps”. Éventuellement, il peut exister un certain jeu avec l’autre qui, s’il peut être reconnu comme un objet, est co-porteur d’une excitation de survie. Mais il importe de bien avoir en tête que cela se joue ensemble et non pas de l’un vers l’autre.
Les inséparables
C’est un couple que j’ai suivi pendant environ huit ans, à raison d’une séance par semaine. Ils étaient âgés d’une soixantaine d’années au début de la psychothérapie. Ils se connaissaient alors depuis deux ans. Monsieur a été marié et a eu deux enfants, elle n’en a pas eu. Ils ne parleront quasiment jamais de cela.
Ils viennent parce qu’ils n’arrivent pas à se comprendre, en se sentant en même temps très attachés l’un à l’autre. Ce qui est frappant, dans cette situation, tient essentiellement à deux choses: d’une part, la répétition, et, d’autre part, la façon dont je peux m’y sentir pris moi-même.
Monsieur avait une mère dépressive qui est décédée quand il avait 20 ans. Son père avait un caractère assez effacé. Bien qu’ayant fait une longue analyse, il ne parle pas de son enfance. Quand, à l’occasion, je le sollicite, il en parle de façon descriptive et/ou passive. Il sera, du reste, déprimé et passif tout au long de la thérapie. Cette attitude ne manquera pas de déclencher, ou en tout cas de renforcer, la violence de sa compagne.
Madame a perdu sa mère pendant son enfance. On lui a caché sa mort quelque temps. Son père s’est remarié et le décès de sa mère n’a jamais été parlé. Tout semble aller dans le sens d’un deuil impossible, même si Madame dit avoir beaucoup “travaillé la question” dans ses longues années d’analyse.
Les séances vont invariablement suivre les mêmes séquences: Madame harcèle Monsieur pour lui faire reconnaître qu’il a tous les torts. Il se rebelle parfois, mais finit toujours par céder.
Ils viennent, en disant que ça va très mal, avec différents scenarii: elle a eu des examens médicaux, est extrêmement malade, ne peut pas parler – ou il a été rejetant, voire l’a frappée, etc. Ils disent alors que ce n’est plus possible et qu’ils ont vraiment décidé de se séparer. Ils évoquent tous les aspects matériels: elle a trouvé un studio, elle va déménager… Cela est éventuellement accompagné de représentations paradoxales: ils doivent se marier pour pouvoir se séparer dans de bonnes conditions financières. Elle dit régulièrement: “Il faut que tu m’aides à partir; pour se séparer, on doit être d’accord”. Je leur fais remarquer que les séparations sont rarement d’un commun accord, en faisant le lien avec la perte de sa mère lorsqu’elle était enfant. Ce deuil sera le fil rouge de la thérapie, leur permettant – tout du moins à lui – de se représenter progressivement une séparation possible.
Aux séances suivantes, ils viennent très amoureux en disant qu’ils ont tout compris. Cela dure quelques semaines, puis l’enfer recommence.
Je suis, malgré moi, ballotté au gré de ces oscillations, espérant de plus en plus qu’ils puissent se séparer. Ma pensée reste figée en attente de nouveaux “événements”. Puis me vient, au bout de nombreuses années, l’image d’une mère cryogénisée. Elle est quasi morte, on n’a pas le moyen de la soigner aujourd’hui, mais un jour, des traitements pourront la soigner. Je leur dis alors: “L’espoir fait vivre”. Cette image ne pourra venir en moi qu’avec une perte personnelle. C’est alors dans mon propre travail de deuil que je me sens à la fois être irrité par ces patients tout en pouvant commencer à m’en détacher. Comme ils se plaignent au cours d’une séance que rien ne change, je leur dis: “Mais c’est bien le but”. Je leur montre en substance le risque qu’il y aurait à changer et à ne plus attendre.
Au fur et à mesure, je ressens de plus en plus mon propre engluement avec eux. À leur façon, ils me demandent: “Mais que faut-il faire?” et je leur dis, au cours d’une séance: “Ça ne changera jamais”. Il me faudra, bien entendu, tout un temps pour accepter moi-même cette formulation. J’ai pu, en effet, espérer malgré moi que cette interprétation aurait un effet. C’est après m’être véritablement dit que je continuerai “pour toujours” à voir ce couple, que Monsieur pourra prendre la décision d’arrêter. “Ça va sûrement continuer comme ça, dit-il, mais après tout, même si c’est souvent très difficile, il y a suffisamment de moments où ça va pour vivre”. Madame manquera plusieurs séances après cette prise de décision dans un ultime effort pour rendre impossible la fin de la thérapie. Nous pouvons, dans une dernière séance, convenir de nous séparer dans un “désaccord commun”.
La mort de la mère de Madame pendant son enfance, aussi douloureuse soit-elle, ne crée pas nécessairement, en elle-même, ce type de lien.
Ici, chacun est totalement imbriqué dans la répétition et ne peut reconnaître l’altérité du conjoint, mais également sa propre altérité d’adulte par rapport à l’enfant qui est en lui. Cette imbrication a pris comme une mayonnaise dont il deviendrait impossible de séparer l’huile et les œufs.
Dans ce couple, il n’y a pas de deuil possible, pas de “détachabilité”, du moins pendant un certain temps. L’investissement de l’autre dans ce couple ne peut être pensé en termes de représentation. C’est comme s’il n’y avait pas véritablement de déplacement. De la même façon, c’est comme si le transfert n’existait pas. Ou plus exactement ce serait: “Je sais que le transfert existe, mais quand même”. Le lien de couple verrouille alors toute subjectivité – comme l’indique mon titre – et condamne à une répétition sans fin.
Conclusion
C’est le travail de contre-transfert qui peut nous aider, travail qui n’est pas qu’un concept théorique mais une réalité vivante. J’écrivais à ce propos: «Lorsque nous parlons de transfert, nous évoquons volontiers l’idée de représenter une Imago maternelle ou paternelle. Notre contre-transfert semble vouloir répondre à cette “offre” et nous l’analysons comme tel. Mais je pense que la thérapie de couple peut aussi stimuler chez l’analyste une part de lui le renvoyant directement à son enfance» (Robert, 2018, p. 134). Et plus loin j’ajoutais: «Nous sommes ainsi pris par le souvenir de nos parents dans la réalité et en même temps par la construction/ reconstruction imaginaire que nous nous en faisons. Certaines situations de couple viennent télescoper ces niveaux» (ibidem).
Pour que les frontières développementales et topiques puissent se rétablir, il est certainement souhaitable de supporter l’impuissance. Mais cela, bien entendu, ne va pas de soi. Nous pouvons être pris, face à des défenses perverses, par l’immédiateté de l’interaction. Or, c’est un peu comme dans des sables mouvants: plus on se débat, plus on s’enfonce. Sans doute ai-je souvent entendu le discours de Madame – qui disait régulièrement qu’elle était très malade et qu’elle allait mourir – comme une manifestation hystérique. Et la passivité de Monsieur dans une dimension à la fois homosexuelle et masochiste. Mais il me paraît surtout essentiel non pas de “garder le silence”, mais de pouvoir être silencieux pour pouvoir écouter, derrière le bruit des défenses perverses, une souffrance irreprésentable collée et empêtrée face à laquelle on ne peut rien faire.
Bien sûr, “l’espoir fait vivre” et, au fond de moi, je me disais toujours: “Tout de même, ce couple est venu me voir”. Pour se sortir des sables mouvants, il faut supporter de s’allonger, d’étouffer, de ramper, en faisant corps avec le sable. Ici, le travail de détachabilité dont parle Rosenberg a pu se réaliser in fine dans une séparation d’avec moi.
Bibliographie
Chambrier-Slama, J. (2019). Le travail de mélancolie, entre force et sens. In Chauvet E. (sous la dir. de), Benno Rosenberg, une passion pour les pulsions, pp. 47-60. Paris: In Press.
Freud, S. (1914). Pour introduire le narcissisme. In Freud S., La vie sexuelle. Paris: PUF, 1969.
Freud, S. (1917). Deuil et mélancolie. Œuvres complètes, vol. XIII (1914-1915). Paris: PUF, 3e éd., 2005.
Kaës, R. (2002). Les théories psychanalytiques de groupe. Paris: PUF.
Kaës, R. (2009). Les alliances inconscientes. Paris: Dunod.
Lemaire, J.-G. (1979). Le couple, sa vie, sa mort. Paris: Payot.
Robert, P. (2005). Les liens de couple. Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe, 45, 2: 159-165. DOI:10.3917/rppg.045.0159.
Robert, P. (2018). Couple et travail de contre-transfert. Le Divan Familial, 41: 125-138. DOI: 10.3917/difa.041.0125.
Rosenberg, B. (1991). Le travail de mélancolie ou la fonction élaborative de l’identification ou le rôle du masochisme dans la résolution de l’accès mélancolique. In Rosenberg B., Masochisme mortifère et masochisme gardien de la vie, pp. 93-122. Paris: PUF.
Commentaires à Philippe Robert
Pierre Benghozi[1]
On chemine avec Philippe Robert, grain de sable par grain de sable, dans une pensée qui nous fait vivre le parcours de son élaboration. On y retrouve le rythme de l’écriture de Freud sur Deuil et mélancolie avec la différence fondamentale portant sur le rapport à l’objet. Le deuil est bien l’expression d’une perte objectale, alors que la mélancolie est une perte narcissique. Je dirai plus tard que la mélancolie est une amputation. Philippe Robert s’inspire des travaux de Benno Rosenberg (2012) et en particulier du travail psychique d’élaboration des conditions de “détachabilité” de l’objet, dans la mesure où le paradoxe est qu’accepter de “perdre l’objet serait accepter de se perdre soi-même”. Il met l’accent sur le mouvement des pulsions. Il nous invite à penser dans une perspective psychanalytique groupale (Robert, 2014), la mélancolie à propos du couple, en faisant référence en particulier à Jean-Georges Lemaire (1971) et à René Kaës.
Ce qui n’est pas évident, dans la mesure où la métapsychologie de la mélancolie est décrite classiquement dans une perspective psychopathologique clinique intrapsychique. Comment alors la penser comme une mélancolie de couple, pour un groupe-couple? Pour ce que j’ai appelé un grouple?, c’est-à-dire un Moi couple comme un groupe, avec un appareil psychique et une contenance de grouple. Je me propose, dans cette discussion, d’aborder la clinique de la mélancolie comme une psychopathologie de la fonction contenante.
Mélancolie en couple? Mélancolie de couple?…
La différence est importante entre une approche interactionnelle et une approche groupale. De quelle perte peut-il s’agir? Perte d’un objet interne du couple? Philippe Robert nous invite à repenser au magnifique texte Qui a peur de Virginia Woolf? (2012), dont l’analyse a par ailleurs déjà inspiré plusieurs thérapeutes de famille et en particulier Paul Watzlawick, dans une autre perspective plus communicationnelle (2014).
On se souvient de la magistrale interprétation jouée au cinéma par Elisabeth Taylor et Richard Burton (1966). C’est le scénario d’une scène conjugale particulièrement didactique pour déconstruire la dynamique des défenses perverses dans une mélancolie de couple. Nous comprenons que l’enjeu indicible, innommable, inélaborable, est la perte narcissique d’un enfant par le couple. Ce qui est aussi particulièrement intéressant, dans cet exemple, c’est l’illustration de la mise en acte, des “manœuvres” perverses, selon Jean-Pierre Caillot (2003). Les défenses perverses sont “trans-agies”, pour reprendre la formulation de Paul-Claude Racamier (1987), à propos de la perversion narcissique, avec la projection manipulatrice sur le couple des amis en présence, de la mélancolie non élaborable au sein du couple. N’est-ce pas, en effet, l’expression paradigmatique des aménagements défensifs à la suite d’une perte narcissique groupale? Lors de la confrontation à un évènement catastrophique, il y a une effraction de la contenance du Moi-Couple. Les défenses perverses sont ici au service de la survie psychique du Moi-Grouple. Ne peut-on pas rapprocher, en parallèle, l’exaltation de “l’illusion groupale” de couple avec les défenses perverses dans la manie de couple? Je pensais, par exemple, pour l’illustrer, au pacte des pulsions violentes et à l’illusion de toute-puissance de la figure mythique du couple Bonnie and Clyde (Bonnie et Clyde, 1967).
Paradoxalité du pacte mélancolique du Moi grouple
Je trouve essentiel d’envisager les enjeux de la mélancolie familiale des familles d’origine, dès la constitution même du couple, et c’est dans cette direction, celle de la perte d’un élément organisateur du lien d’alliance conjugal, que porteront plus mes questions.
Dans une perspective groupaliste psychanalytique familiale, j’ai décrit la notion de paradoxalité du pacte d’alliance conjugale (Benghozi, 2012) au fondement du lien d’alliance de couple.
Au-delà d’une approche classique du choix d’objet d’amour individuel, qu’il soit de type narcissique ou par étayage, j’envisage le pacte fondateur du lien conjugal comme un lien d’alliance inconscient affiliant les familles d’origine de chaque partenaire. C’est un pacte narcissique groupal. Il a, au niveau économique, la fonction de remaillage réciproque inter-contenant, des trous et des déchirures du maillage des contenants des familles d’origine de chaque partenaire. Dans la clinique de la mélancolie, l’enjeu est, à mon sens, celui d’une psychopathologie de contenant. C’est essentiellement celui des inélaborés de la transmission généalogique et en particulier de la Honte familiale et communautaire inconsciente des familles d’origine de chaque partenaire. La clinique de la Honte inconsciente en héritage (Benghozi, 1994) est celle de l’idéal du Moi groupal, elle est organisatrice du maillage des contenants généalogiques groupaux.
La mélancolie du Moi groupe-couple, que j’appelle donc le grouple, est ici accueillie comme une hémorragie narcissique groupale. Elle témoigne du vécu d’une amputation au niveau de l’image inconsciente du corps groupal du grouple. La béance du contenant du Moi groupal est au fondement du couple mélancolique. N’est-ce pas l’expression de la clinique du Vide dans la mélancolie? Le vide est le paradigme des psychopathologies de l’effraction de la contenance.
Comment penser, dans la mélancolie, les enjeux structuraux fondateurs du lien d’alliance conjugal? Comment tenter de comprendre la paradoxalité fondatrice du pacte d’alliance de couple? L’engrènement des “défenses perverses”, selon la formulation de Racamier (1987), n’est-il-pas une stratégie trompe-le-vide? (Benghozi, 2014).
C’est, de mon point de vue, au niveau groupal et généalogique, l’enjeu de l’attaque mélancolique de l’Idéal du Moi décrite par Freud.
Dans le bel exemple que Philippe Robert nous a présenté, la dynamique des séances a évolué sur le devenir des membres d’un couple en souffrance et sur l’éventualité d’une séparation. Et, comme il le dit, il a ressenti, au niveau contre-transférentiel, s’y être “englué”, jusqu’à fantasmer qu’ils puissent se séparer et…, enfin, se séparer de lui! La difficulté n’est-elle pas de projeter, dans l’espace thérapeutique de couple, le rapport mélancolique de la perte narcissique en l’identifiant avec les enjeux de la séparation des partenaires dans le couple? Heureusement, dans un mouvement transférentiel, il a renoncé à la perspective d’une séparation, c’est-à-dire, à mon sens, ici, à un niveau de l’hallucinose d’un changement, celui concernant la relation et non le lien. Il a même dégagé l’emprise des défenses perverses se manifestant par des ligatures destructives, en prescrivant “le non-changement” comme une figure interprétative.
Néo-transférance groupal: “Une mère cryogénisée”
Mais c’est encore une fois à l’écoute de son contre-transfert que Philippe Robert nous fait part d’une image. L’image d’une mère cryogénisée, une quasi-morte dans la glace, en espérance paradoxale de survie en post-mortem. Paradoxe d’un temps suspendu, d’une mort immortelle, celui de “la glaciation”, comme l’évoquait Salomon Resnik à propos de la psychose (1999). C’est plus d’ailleurs, à mon sens la figure d’une rêverie, l’émergence d’une fantaisie préconsciente, qu’un fantasme inconscient. Nous ne sommes pas là, avec la mélancolie, dans une clinique de la névrose et du refoulement. Nous retrouvons la confusion incestuelle, selon PaulClaude Racamier (2010), des frontières dans la perversion, de la séparation-non séparation. Mais, ici, cette image forte est une figure, disponible à une nouvelle figurabilité (Botella, 2001) des enjeux inconscients non fantasmables de la mélancolie. C’est l’expression créative de ce que j’ai appelé par ailleurs “la transférance” (Benghozi, 2006), c’est-à-dire l’émergence co-transférentielle groupale d’un espace psychique nouveau de transfert complexe, transféro-contretransférentiel, inter-transférentiel, pré-transférentiel et pré-contretransférentiel, coconstruit dans le champ groupal thérapeutique actuel, ici et maintenant. C’est l’expression d’une co-création, d’un effet de co-présence psychique groupale. L’analyste a ici, dans le mouvement de la transférance grouple, la fonction phorique de porteur de rêverie groupale. Plus qu’une interprétation, la figuration mentale d’une mère cryogénisée, est une image ré-organisatrice, au sens d’un organisateur groupal, de ce qui se joue du Vide, dans la mélancolisation de l’espace métathérapeutique. Elle participe à étayer les angoisses d’effondrement de l’amputation mélancolique, la béance de la contenance démaillée, trouée, amputée du couple mélancolique. Le métacontenant groupal thérapeutique de l’appareillage psychique est co-construit par la groupalité couple-analyste. La capacité de rêverie de l’analyste est elle-même “porte-voix” (Pichon Rivière, 2004) de cette nouvelle figurabilité groupale. Elle est l’expression dans le champ de la transférance, de la capacité de néo-rêverie du méta-contenant groupal thérapeutique. Cette figurabilité permet l’émergence narrative de ce que j’appelle un néo-contenant narratif (Benghozi, 2020).
C’est un néocontenant d’étayage du contenant amputé de la mélancolie. Il étaye le processus de transformation psychique au sens de Bion.
Le travail psychique de ritualisation
L’exemple clinique dans ce “couple où la subjectivité est verrouillée”, me semble bien illustrer, aussi, l’intérêt du travail psychique de ritualisation dans la mélancolisation du lien conjugal. N’est-ce pas l’enjeu défensif dans cette configuration familiale, avec la non-ritualisation du mariage dans le couple, alors que les pères se remarient, alors que la mort de la mère avait été cachée à la partenaire du couple, de la ritualisation symbolique de la mort de la “mère cryogénisée” congelée, et de la ritualisation du cadre-contenant thérapeutique. En envisageant le travail psychique de ritualisation, il me semble retrouver la notion évoquée par Philippe Robert, de “détachabilité” proposée par Benno Rosenberg. En effet, le travail de mélancolie passerait par la capacité de se représenter la perte narcissique, transformée, d’une certaine manière, en objet phantasmable. N’est-ce pas la fonction psychique du travail groupal de ritualisation du réel de la mort? Je propose, en analogie métaphorique, l’exemple de l’impasse que représente la disparition d’un être cher dans une famille. Comment faire le deuil d’un disparu? Retrouver le corps, même les stigmates du cadavre, l’identifier, permet, avec le travail de ritualisation alors possible de la mort, une détachabilité psychique, et la transformation de l’impasse narcissique mélancolique en élaboration d’un travail objectal de deuil. L’enjeu de la ritualisation a pour objet le lien.
Le travail de ritualisation thérapeutique permet de remailler la béance du contenant amputé et d’inscrire la figure de la mère cryogénisée dans une nouvelle figurabilité du lien conjugal.
Philippe Robert nous a montré, avec la ritualisation de sa présentation dans un nouveau cadre groupal, celui de notre colloque, avec nous, comment survivre dans les sables mouvants de la mélancolie. En étant disponible à l’écoute, derrière le bruit des défenses perverses, à l’accueil organisateur d’une émergence onirique de l’irreprésentable perte narcissique.
Conclusion. La perte dans le deuil est au contenu ce que la mélancolie est à l’amputation de contenant
Alors que le deuil, comme perte objectale susceptible d’être réinvestie, concerne une clinique du contenu et de la relation, la mélancolie n’est-elle pas l’expression d’une effraction subjectale narcissique groupale, celle d’un démaillage catastrophique des liens, d’une impasse dans la transmission de la Honte généalogique inconsciente, d’une amputation de contenant, structurelle à l’appareillage psychique du Moi effractant la capacité de figurabilité?
Bibliographie
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Filmographie
Bonnie et Clyde, film réalisé par Arthur Penn, 1967.
Qui a peur de Virginia Woolf?, film réalisé par Mike Nichols, 1966.
[1] Pédopsychiatre, psychanalyste, Président de l’IRPcf, Institut de Recherche en Psychanalyse de groupe, de couple et de famille, Professeur invité Université de Sao Paulo, Brésil, Laboratoire psychologie Université de Paris, Directeur de publication de la Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe, membre titulaire EFPP, SFPPG, AIPCF. pbenghozi@wanadoo.fr