REVUE N° 29 | ANNO 2023 / 2
Résumé
Le problème psychanalytique de la transmission de la vie et de la mort psychique entre les générations
Le concept de transmission intergénérationnelle assume aujourd’hui un ensemble de questions qui débordent celle de la différence entre les générations, essentiellement constituée par son enjeu œdipien et par les catégories de l’Interdit, du refoulement et de la culpabilité. Le concept englobe désormais la connaissance des processus et des formations psychiques qui, à travers les rapports entre les générations, organisent ou désorganisent l’espace psychique: il oblige à repenser les modes de formation et de transmission de l’inconscient, les effets de subjectivité et d’intersubjectivité qu’il détermine. Cette ouverture du champ est ancrée dans les nouveaux dispositifs cliniques de traitement de la souffrance psychique; elle contribue au débat contemporain sur les processus de symbolisation et sur le rapport à l’originaire.
Mots-clés : transmission psychique, formations psychiques, intersubjectivité, dispositifs cliniques, symbolisation
Resumen
El problema psicoanalítico de la transmisión de la vida y la muerte psíquica entre las generaciones
El concepto de transmisión intergeneracional aborda hoy en día un conjunto de preguntas que van más allá de la diferencia entre generaciones, principalmente constituida por sus implicaciones edípicas y por las categorías de Prohibición, Represión y Culpabilidad. El concepto ahora abarca el conocimiento de los procesos y formaciones psíquicas que, a través de las relaciones entre generaciones, organizan o desorganizan el espacio psíquico. Obliga a repensar los modos de formación y transmisión del inconsciente, así como los efectos de subjetividad e intersubjetividad que determina. Esta ampliación del campo está arraigada en los nuevos enfoques clínicos para el tratamiento del sufrimiento psíquico; contribuye al debate contemporáneo sobre los procesos de simbolización y la relación con lo originario.
Palabras clave: transmisión psíquica, formaciones psíquicas, intersubjetividad, sistemas clínicos, simbolización.
Summary
The psychoanalytic issue of the transmission of life and psychic death between generations
The concept of intergenerational transmission now encompasses a set of questions that go beyond the difference between generations, primarily constituted by its Oedipal stakes and the categories of Prohibition, Repression, and Guilt. The concept now includes understanding the processes and psychic formations that, through the relationships between generations, organize or disorganize the psychic space. It necessitates a reconsideration of the modes of formation and transmission of the unconscious, as well as the effects of subjectivity and intersubjectivity it determines. This broadening of the field is rooted in the new clinical approaches to the treatment of psychic suffering; it contributes to the contemporary debate on symbolization processes and the relationship to the origin.
Keywords: psychic transmission, psychic formations, intersubjectivity, clinical devices, symbolization
ARTICLE
Émergences du générationnel
L’intérêt manifesté dans la recherche psychanalytique depuis les trente dernières années pour la transmission de la vie psychique entre les générations témoigne de la nécessité d’élaborer la crise multidimensionnelle qui affecte aujourd’hui les fondements et les modalités de la vie psychique. Cette crise est de nature épistémologique autant que praxéologique: elle porte sur l’intelligibilité des souffrances et des organisations pathologiques qui, pour une part, sont tributaires des transformations profondes de la structure des rapports sociaux et culturels. Désorganisés et incertains, ces rapports nous apparaissent aujourd’hui avec plus de netteté comme les conditions métapsychiques de la vie psychique. Il s’ensuit quelques conséquences dans les dispositifs de traitement des souffrances contemporaines, et par conséquent dans les conditions de la connaissance de la vie psychique elle-même. Dans toutes ces recherches, la question de la précession de l’autre et de plus d’un autre dans le destin du sujet singulier insiste comme une sorte de défi à rendre compte de la vie psychique exclusivement à partir de ce qui la détermine de manière interne: la question du sujet se définit de plus en plus nécessairement dans l’espace intersubjectif, et plus précisément dans l’espace et le temps du générationnel, là où précisément, selon la formule de P. Castoriadis-Aulagnier (1975), « le Je peut advenir », ou rencontre des difficultés majeures à se constituer.
Le concept de générationnel assume aujourd’hui un ensemble de questions qui débordent celle, classique depuis Freud, de la différence entre les générations. Cette question, essentiellement constituée par son enjeu incestuel, s’organise sur les catégories de l’Interdit, du refoulement des désirs œdipiens et de la culpabilité. La problématique s’est aujourd’hui considérablement élargie et spécifiée: elle englobe désormais la connaissance des processus et des formations psychiques qui organisent et qui désorganisent les rapports entre les générations et qui, de ce fait, sont impliqués dans la formation et les troubles graves de l’espace intrapsychique et de la subjectivité. Le concept de lien intergénérationnel et transgénérationnel émerge comme un concept capable de décrire les principes et les modalités de la transmission de la vie et de la mort psychiques entre et à travers les générations, sur l’axe diachronique. À cet axe diachronique, il convient d’ajouter une troisième dimension, qui prend en compte la synchronie des liens intragénérationnels.
Cette nécessaire centration sur le lien nous engage à connaître la réalité psychique qui le constitue, sans négliger sa corrélation avec l’organisation de l’espace intrapsychique de chaque sujet. Cette corrélation nous oblige à repenser, une fois de plus, l’hypothèse constitutive du champ et de l’objet de la psychanalyse:
l’inconscient, ses modes de formation et les effets de subjectivité qu’il détermine. La consistance psychanalytique du problème du générationnel se définit fondamentalement comme la transmission de l’Inconscient, de ses formations et de ses processus. Les interrogations majeures introduites par une telle ouverture du champ contribuent au débat contemporain sur les processus de symbolisation et sur le rapport à l’originaire. Elle est ancrée dans les nouvelles modalités d’émergence de la souffrance psychique et dans les nouveaux dispositifs cliniques de traitement de cette souffrance, pour une part inaccessible au traitement de la cure individuelle.
Le problème de la transmission : évolution de sa consistance psychanalytique
1. La position freudienne du problème
Le débat sur la transmission psychique est contemporain de la naissance de la psychanalyse. L’intérêt de Freud (1907) se manifeste dès qu’il aborde la question récurrente de la transmission de la névrose, transmission qui s’effectuerait par la voie biologique et par la voie sociale.
Toutefois, dès cette première interrogation, le problème de la transmission est indissociable de celui du transfert. Il a donc, d’emblée, un statut dans la conduite de la cure. Puis Freud donne à ce problème une portée plus générale lorsqu’il introduit l’hypothèse de la transmission phylogénétique, solution qu’il maintiendra bien audelà de son utilité spéculative: cette insistance souligne combien la question a, chez lui, une portée épistémologique générale; elle témoigne d’une préoccupation constante pour reconnaître l’arrière-fond intersubjectif de la vie psychique individuelle.
Sans développer ici davantage ces perspectives, je voudrais souligner deux choses:
1/ la conception freudienne de la transmission est, pour l’essentiel, une conception marquée par le principe évolutionniste. Ce qui intéresse Freud est d’abord la continuité dans la transmission, accessoirement les ruptures, même après Malaise, même après L’homme Moïse. Ce qui l’intéresse est de comprendre le maillage diachronique et synchronique dans lequel l’individu singulier (der Einzelne) est tenu, pour ne pas dire tissé.
2/ les propositions de Freud sont pour l’essentiel des spéculations et des observations empiriques ; elles sont restées longtemps en défaut de mise à l’épreuve tant que demeurèrent indisponibles des dispositifs appropriés, différents de celui de la cure individuelle, mais établis à partir des réquisits du dispositif princeps de la psychanalyse.
2. Les positions contemporaines
Deux changements radicaux ont modifié la problématique et le traitement des problèmes intergénérationnels. Ils sont l’un et l’autre associés aux deux guerres mondiales. La première a introduit l’hypothèse de la pulsion de mort, et au-delà du principe de plaisir, la question de la répétition et du traumatisme inélaborable. La seconde nous a confronté avec la catastrophe de la Shoah et avec les désorganisations métapsychiques majeures qui l’accompagnent. Parallèlement, les découvertes cliniques de la psychose et de son traitement, inaugurées entre les deux guerres, les recherches de la psychanalyse appliquée aux enfants et aux malades psychosomatiques introduiront les catégories du Négatif, de l’irreprésentable et de l’intransmissible.
Le renouvellement des dispositifs du travail psychanalytique (psychodrame psychanalytique, analyse et psychothérapie psychanalytique de groupe, psychothérapie familiale psychanalytique) a joué un rôle décisif. Dérivés du paradigme de la cure, mais aménagés en fonctions de buts congruents avec les nouvelles configurations de la souffrance et de la pathologie psychiques, ils nous permettent de penser autrement ce qui se transfère et se transmet de l’espace psychique d’un sujet à l’espace psychique d’un autre ou de plus d’un autre sujet, et dans l’espace propre à chacun et qui se construit de ses liens.
Ce qui se transmet, ce sont essentiellement des configurations d’objets psychiques, c’est-à-dire des objets munis de leurs liens à ceux qui précèdent chaque sujet. Ce qui se transmet et constitue la préhistoire du sujet, ce n’est pas seulement ce qui soutient et assure, en positif, les continuités narcissiques et objectales, le maintien des liens intersubjectifs, les formes et les processus de conservation et de complexification de la vie: idéaux, mécanismes de défense névrotiques, identifications, pensées de certitudes. Un caractère remarquable de ces configurations d’objets de transmission est qu’ils sont marqués par le négatif. Ce qui se transmet, c’est ce qui n’a pas pu être contenu, ce qui ne se retient pas, ce qui ne se souvient pas, ce qui ne trouve pas inscription dans la psyché des parents et vient se déposer ou s’enkyster dans la psyché d’un enfant: la faute, la maladie, le crime, les objets disparus sans trace ni mémoire, pour lesquels un travail de deuil ne peut pas être accompli.
Ce n’est plus seulement le refoulement qui constitue le mécanisme de la formation de l’inconscient, mais le déni, la forclusion, le clivage et le désaveu. La problématique de la transmission ne s’organise plus seulement comme celle des signifiants et des désirs préformés et déformés qui nous précèdent, mais comme celle des signifiants gelés, énigmatiques, bruts, sur lesquels n’a pas été opéré un travail de symbolisation. L’objet de la recherche n’est plus seulement la continuité de la vie psychique, mais les ruptures, les failles, les hiatus non pensés et impensables, l’arasement des objets de pensée, les effets de la pulsion de mort. Ce sont de telles configurations d’objets et de leurs liens intersubjectifs qui sont transportées, projetées, déposées, diffractées dans les autres, dans plus-d’un-autre: elles forment la matière et le processus de la transmission. Dans ces cas, l’Apparat zu deuten fait défaut sur plusieurs générations.
Ainsi, la nature de l’objet détermine son mode de transmission et, corrélativement, le mode de transmission est constitutif de la nature de l’objet.
Les nouvelles voies d’approche dans la psychanalyse
Que nous ont appris ces nouvelles voies d’approche de la transmission? Et tout d’abord la cure et ses transformations?
1. La cure et ses variantes : le travail avec les psychotiques et avec les enfants
La situation de la cure rencontre nécessairement, par principe de méthode, la question de la transmission, de ses objets et de ses processus: elle les rencontre à travers les modalités transférentielles par lesquelles se répètent et se dégagent les structures intrapsychiques et intersubjectives qui ont prédisposé les formations de la névrose ou de la psychose. Le transfert est transmission, Freud utilise le même terme, die Übertragung, pour dire l’un et l’autre. Corrélativement, les objets de la transmission sont repérables dans le transfert, à travers ses développements dans la situation psychanalytique.
Les travaux de N. Abraham et de M. Torok sur le fantôme et la crypte (1978), ceux de M. Krüll (1975) et de M. Balmary (1975) sur la faute et la culpabilité dans la relation de Sigmund à son père Jacob Freud, toutes ces recherches sont allées bien audelà de la vérification de l’hypothèse de Freud. Elles montrent que rien ne peut être aboli qui n’apparaisse, quelques générations après, comme énigme, comme impensé, c’est-à-dire comme signe même de ce qui n’a pu être transmis dans l’ordre symbolique. Cependant, la question reste entière de comprendre les agencements psychiques qui conduisent tel sujet à se constituer comme le porteur de cet impensé, et à arrimer son destin et sa propre fin à cet emplacement énigmatique, avec l’accord inconscient des autres.
Les apports les plus significatifs à la recherche sur la transmission prennent leur source dans la pratique de la cure avec les patients psychotiques. Je rappellerai, pour mémoire, les travaux de P. Castoriadis-Aulagnier (1975) sur le contrat narcissique, ceux de M. Enriquez (1986, 1988) sur la psychose en héritage, les recherches de
- Fedida et J. Guyotat (1986) sur les filiations narcissiques, celles d’H. Faimberg (1979-1980) sur le télescopage entre générations.
2. Les dispositifs plurisubjectifs : couples, groupes, familles, institutions
Avant de présenter la contribution des pratiques issues de l’approche psychanalytique des groupes et de la psychothérapie psychanalytique des couples et des familles, je voudrais brièvement décrire la spécificité méthodologique du dispositif psychanalytique groupal.
La situation de groupe est organisée pour que s’y manifestent les effets de l’inconscient dans les transferts et les énoncés associatifs de ses membres. Une telle situation comporte des caractéristiques morphologiques et dynamiques remarquables.
1/ La précession de l’analyste ou des analystes en place imaginaire de fondateur(s) du groupe. De cette particularité découlent quelques conséquences majeures pour l’analyse des processus et des enjeux psychiques de la transmission, puisque nous sommes d’emblée dans les rapports de génération.
2/ La pluralité et la synchronie des effets psychiques. Chacun se trouve confronté à une rencontre multiple avec plusieurs autres sujets, qui sont autant d’objets d’investissements pulsionnels et de représentation: une co-excitation interne et mutuelle se produit et s’entretient, obligeant chacun à se défendre contre une source et une intensité qui, dans la phase initiale des groupes, échappent à toute tentative de localisation et de contrôle. Il se développe ainsi des situations de débordement potentiellement traumatogènes, pour autant que les dispositifs pare-excitateurs sont insuffisants. Certaines des conditions qui concourent à la formation de l’inconscient originaire sont ainsi réunies, si l’on admet l’hypothèse de Freud selon laquelle l’originaire se constitue probablement « à l’occasion de la rupture du pareexcitation ».
3/ Le groupe est le lieu d’émergence de configurations particulières du transfert. Les transferts sont multilatéraux, ils se répartissent sur l’ensemble des objets du groupe: analystes, membres, groupe, hors groupe. Je précise qu’il ne s’agit pas d’une dilution du transfert, mais de sa diffraction et de la réactualisation des connexions de transferts. Cette particularité des transferts qualifie un des apports majeurs de l’approche groupale à la compréhension de la transmission: le déploiement synchronique, dans le transfert, des nœuds psychiques diachroniques. La diffraction permet de représenter-figurer-réactualiser-transformer sur la scène synchronique du groupe ce qui est, pour chacun, demeuré en souffrance, sous le signe de l’énigmatique et de l’impensé, dans les liens diachroniques de la transmission. C’est en cela que le dispositif de groupe est un remarquable instrument d’analyse et d’élaboration des nœuds intergénérationnels.
4/ L’exigence de dire et les processus associatifs sont soumis à des conditions particulières: la succession des énoncés singuliers, déterminés par les représentations-but et les voies de liaison de chacun, produit un ensemble discursif original qui, à ce niveau propre, porte inscription des effets de l’inconscient. Les processus associatifs s’organisent à partir d’une triple source du refoulement, du déni ou du rejet: l’une de ces sources est propre à chaque sujet considéré dans la singularité de sa structure et de son histoire; l’autre est produite par les analystes en situation de groupe dans leurs rapports au groupe; la troisième naît des rapports entre les membres du groupe pour construire les liens de groupe. Chacun de ces contenus de l’inconscient se lie d’une manière originale et revient dans les vicissitudes du travail associatif.
La psychothérapie familiale psychanalytique a pour objet de traiter ce qui est en souffrance dans le lien de génération: la plupart des pathologies familiales ont leur origine dans les difficultés graves à former les conditions du “meilleur des refoulements”, à assurer l’individuation de ses membres, à mettre en œuvre un système narcissique trophique, capable de soutenir la continuité des liaisons intrapsychiques et des liens intersubjectifs. D’où l’importance dans la problématique intergénérationnelle familiale, de l’incestuel (Racamier, 1990), des secrets de famille (Tisseron, 1995), des objets bruts (Granjon, 1990) et des graves défaillances narcissiques (Eiguer, 1991).
Processus et modalités de la transmission de la vie psychique entre générations
J’ai souligné une évolution majeure dans la connaissance des objets de la transmission. Le premier temps de la recherche freudienne a mis en évidence leur consistance positive: ce qui se transmet, ce sont les idéaux, les mécanismes de défense, la filiation, l’héritage à conquérir. Plus tard ces objets se sont dévoilés dans leur négativité: ce qui se transmet, c’est l’impensé, le non-symbolisé, la faille plutôt que le manque. C’est là notre sensibilité moderne.
Comment ce qui se transmet est-il transmis? Essentiellement par les identifications, les alliances inconscientes et les fonctions “phoriques”.
1. Les identifications
L’identification à l’objet du désir et au fantasme inconscient de l’autre est un passage obligé pour prendre place dans les liens entre générations. Les identifications sont la matière première du lien. Elles l’organisent dans une grande diversité de formes. Je voudrais examiner tout particulièrement les destins des identifications projectives et introjectives dans la transmission. Je soulignerai tout d’abord que, en tant que projection de parties de soi dans un objet, l’identification projective est un achoppement du processus d’introjection. M. Torok et N. Abraham ont mis en évidence la nécessité de métaboliser la perte pour que le processus d’introjection s’accomplisse: lorsque ce processus échoue, la démétaphorisation et l’objectivation statufient l’objet au plus près de la chose corporelle et évitent la reconnaissance de l’expérience subjective de la perte. Se substitue à l’introjection le mécanisme hallucinatoire de l’incorporation qui “réalise” dans le corps ou pétrifie dans la psyché ce qui n’a pas pu être psychisé.
Éclairante est ici la distinction qu’introduit A. Ciccone (1999) lorsqu’il décrit les objets psychiques de la transmission à partir des processus identificatoires qui les constituent. Il distingue trois catégories d’objets :
1/ Les objets autistisés formés par les identifications adhésives; ce sont des objets périphériques, bi-dimensionnels, sans intériorité, sans affects ni pensée. Ils correspondent à des fonctionnements basés sur le mimétisme et les automatismes mentaux. Ce qui se transmet dans ces conditions, ce sont des objets autistisés “normaux”, tels que les a décrits G. Haag lorsqu’elle évoque l’imitation chez le bébé: celui-ci reproduit adhésivement la forme et le contour de l’objet, opérations préalables à sa mise en sens. Au contraire, l’identification adhésive pathologique détruit le sens de l’objet et le réduit à son contour.
2/ Les objets incorporés, énigmatiques.
3/ Les objets internes introjectés.
J’ai décrit les liens intergénérationnels fondés sur les deux premiers processus comme étant caractérisés par les stases psychiques que sont les secrets et les passés sous silence dans l’histoire d’une famille. Celle-ci ne parvient pas à historiser son passé et en répète le drame sans le transformer. Les confusions d’identité et les somatisations, “inscriptions aveugles dans le corps”, témoignent de l’échec de l’introjection; elles organisent les liens selon un mode paradoxal de la fusion et de l’explosion.
2. Les alliances inconscientes
La transmission de la vie psychique entre les générations et entre les membres d’un groupe s’effectue à travers les alliances inconscientes. C’est le deuxième processus que je voudrais mettre en évidence. Pour construire le concept d’alliances inconscientes, j’ai pris comme base le pacte dénégatif (Kaës, 1989, 1994). J’entends par là les diverses opérations (de refoulement, de dénégation, de déni, de désaveu, de rejet ou d’enkystement) qui, dans tout lien intersubjectif, sont requises de chaque sujet pour que le lien puisse se constituer et se maintenir. Cet accord inconscient sur l’inconscient est imposé ou conclu mutuellement pour que le lien s’organise et se maintienne dans sa complémentarité d’intérêt, pour que soit assurée la continuité des investissements et des bénéfices liés à la subsistance de la fonction des Idéaux, du contrat ou du pacte narcissique. Chaque lien s’organise ainsi positivement sur des investissements mutuels, sur des identifications communes, sur une communauté d’idéaux et de croyances, sur des modalités tolérables de réalisations de désirs.
Chaque lien et chaque ensemble s’organisent aussi négativement sur une communauté de renoncements et de sacrifices, sur des effacements, sur des rejets et des refoulements, sur un “laissé de côté” et sur des restes.
J’en donnerai un exemple. Nous avons montré, avec D. Anzieu et A. Missenard que, dans un groupe conduit par plusieurs psychanalystes, ce qui est refoulé ou dénié chez ces derniers se transmet et se représente dans le groupe des participants et l’organise symétriquement. On peut ici vérifier que ce qui est maintenu dénié et refoulé par les analystes et forme la base de leur alliance inconsciente, fonctionne comme le refoulé originaire des participants en situation de groupe. Je pense que s’ouvrent alors des perspectives sur la formation et la transmission de l’originaire et des signifiants énigmatiques (ou archaïques).
J’ai appelé « alliance inconsciente » une formation psychique intersubjective construite par les sujets d’un lien pour renforcer en chacun d’eux certains processus, certaines fonctions, ou certaines structures issues du refoulement ou du déni, ou du désaveu, et dont ils tirent un bénéfice tel que le lien qui les conjoint prend pour leur vie psychique une valeur décisive. Les alliances inconscientes se nouent pour que les sujets d’un lien soient assurés de ne rien savoir de leurs propres désirs ni de ceux qui les ont précédés. L’ensemble ainsi lié ne tient sa réalité psychique que des alliances, des contrats et des pactes inconscients que ses sujets concluent et que leur place dans l’ensemble les oblige à maintenir.
Le corollaire de cette hypothèse est que les alliances inconscientes sont elles-mêmes inconscientes, elles produisent et maintiennent de l’inconscient. Les alliances inconscientes sont une des modalités majeures du processus de la transmission: l’inconscient de chaque sujet porte trace, dans sa structure et dans ses contenus, de l’inconscient d’un autre et de plus d’un autre.
3. Les formations intermédiaires et les fonctions phoriques
Les recherches sur le lien intersubjectif rencontrent nécessairement le problème des modalités de passage entre les espaces psychiques. Je me suis beaucoup intéressé aux formations intermédiaires, aux formes et aux modalités de la transmission intrapsychique aussi bien qu’aux passages entre les espaces psychiques. J’ai développé une analyse autour de ce que j’appelle les fonctions phoriques, c’est-à-dire les fonctions intermédiaires qu’accomplissent certains sujets ou qui leur sont assignées: pour des raisons qui leur sont propres, ces sujets viennent occuper dans le groupe une certaine place: de porte-parole, de porte-symptôme, de porte-rêve, de porte-idéal, par exemple. Ces recherches font écho à d’autres travaux, comme à ceux de Piera Aulagnier sur la fonction du porte-parole, à ceux de Bion sur la fonction alpha de la mère ou à la capacité de rêverie maternelle proposée par Winnicott. Ces fonctions et ces emplacements sont requis dans l’agencement de n’importe quel lien, dans la famille, dans un couple, dans un groupe ou dans une institution; ils sont nécessaires au processus d’appareillage psychique intersubjectif.
Le concept de fonction phorique spécifie ces emplacements et ces fonctions. Il ne s’apparente pas à la conception systémique du patient désigné ou du porteur du symptôme familial: selon cette conception, le patient est considéré comme un élément d’un système, non comme un sujet de l’inconscient. Dans ma perspective, il s’agit plutôt d’articuler l’organisation intrapsychique du sujet, la part qui lui revient en propre dans la fonction phorique qu’il accomplit et dans sa façon de se servir du lien, avec le sort qui est fait dans le processus du lien à cette fonction et au sujet qui l’incarne.
Pour des raisons qui le concerne individuellement, un des sujets d’un lien et plus largement d’une configuration de liens (un couple, une famille, un groupe ou une institution) porte le symptôme, représente l’idéal ou le persécuteur, il rêve le rêve de l’ensemble. C’est là sa fonction phorique: le sujet accomplit cette fonction et il occupe cet emplacement parce qu’il s’est déjà trouvé prédisposé à se constituer ainsi, pour servir à la fois son intérêt propre et celui de ceux auxquels il est lié. Il reçoit la (trans)mission de (trans)porter le symptôme, l’idéal, la parole, la pulsion de mort, le rêve, c’est-à-dire la réalité psychique inconsciente d’un autre ou de plus d’un autre. Et lui-même la transmet et la transporte dans la chaîne des générations.
La fonction phorique épargne aux autres et à l’ensemble qu’ils forment d’avoir à reconnaître leur propre réalité psychique inconsciente, condensée et déplacée sur le sujet qui l’accomplit. Ce sujet peut être un sujet singulier ou un ensemble de sujets, liés entre eux dans cette fonction.
Deux modalités de la transmission psychique
Résumons : le concept de transmission est pertinent lorsqu’il s’agit de rendre compte de la réalité psychique qui se transporte, se déplace ou se transfère d’un sujet à un autre, entre eux ou à travers eux, ou dans les liens d’un ensemble, que la matière psychique transmise se transforme ou demeure identique dans ce passage.
J’ai distingué deux principales modalités de la transmission psychique (Kaës. 1993a, 1993b). La première modalité décrit le processus de la transmission psychique avec transformation de son contenu et de ses formes. Elle s’inscrit dans l’histoire. Selon la deuxième modalité, la transmission s’effectue sans transformation des processus et du contenu, par passage direct de formations psychiques d’un sujet à un autre. J’examinerai plus précisément cette deuxième modalité.
1. Transmission avec transformation
Pour que l’héritage soit hérité et que, il faut que la transmission soit transmise, reçue et transformée. J’insiste sur la reprise et sur la transformation. Vers la fin de sa vie, dans les dernières pages de l’Abrégé de psychanalyse (1938), Freud cite une dernière fois ce mot de Goethe: « Ce que tu as hérité de tes pères, afin de le posséder, conquiers-le.»
L’articulation entre filiation et affiliation, sur laquelle j’ai souvent été invité à réfléchir, nous apprend qu’une seconde naissance est nécessaire pour que le sujet singulier se constitue. Pour désirer affilier et soutenir des identifications affiliatives, pour transmettre un héritage et accepter de le mettre à l’épreuve de son rejet et de son appropriation, il importe d’être assuré de sa propre filiation. La génération qui succède n’est pas seulement le prolongement narcissique de celle qui précède, elle est aussi ce qui en menace le narcissisme lorsque l’héritier n’est pas constitué comme un autre non identique à soi, lorsque la différence des générations n’a pas opéré sa fonction de séparation.
Certaines familles, certains couples et certains groupes refusent de nouvelles
(af)filiations. En se contentant d’eux-mêmes, ils évitent de se laisser mettre en question dans leur position narcissique par de nouveaux venus. Le refus de la génération est alors le refus du risque de la désillusion pour ces familles ou ces couples “merveilleux”.
2. Transmission sans transformation
Au début des années 1970, les recherches de N. Abraham et M. Torok sur le deuil, l’incorporation, la crypte et le fantôme ont joué un rôle décisif dans le renouvellement des perspectives de la recherche. L’accent est alors porté sur le défaut du symbolique et de l’introjection dans le processus de la transmission, et sur la prévalence des incorporats. Les caractéristiques de ce type de transmission sont de deux principales sortes: l’enkystement dans l’inconscient d’un sujet d’une partie des formations inconscientes d’un autre, qui vient alors le hanter comme un fantôme; l’hypothèque d’un mandat impératif que l’ancêtre ferait peser sur sa descendance (j’ai rappelé les travaux de M. Krüll et de M. Balmary sur Freud).
Tous ces travaux soulignent le rôle de la faute cachée, du secret inavouable, de la nonsymbolisation, et ils en décrivent les conséquences dans les termes d’une métapsychologie du secret. Mais ils se réfèrent aussi à la topique réalitaire ferenczienne, pour qui, comme le note J.-J. Baranes (1984), «le champ de la réalité de l’objet devient prépondérant avec la problématique de la séduction et de l’emprise narcissique de l’enfant innocent soumis aux abus du parent aliénant».
Cette réintroduction de la fonction de l’autre (et de plus-d’un-autre) dans la formation de la vie psychique relance un débat décisif dans la psychanalyse: la détermination des troubles psychique par la réalité du trauma ou par le seul effet de la vie fantasmatique. Freud avait cru en trouver la solution en rompant avec la Neurotica. On sait aujourd’hui qu’il n’est pas possible de s’enfermer dans une solution aussi radicale. Nous avons acquis dans ce débat le paradigme de la détermination psychogène de la vie psychique et de ses troubles; pour autant les interférences entre les espaces psychiques, par exemple ce qui a été nommé interfantasmatisation, ou intersubjectivité, n’abolissent pas les déterminations intrapsychiques: elles les projettent dans un espace plus complexe.
De plusieurs cures analytiques, j’ai appris comment, lorsque se produit sur plusieurs générations une succession de morts d’enfants et de deuils non faits, certains de nos patients sont “empêché” de deuil, et comment cet empêchement, en les excluant de l’élaboration, soutient chez eux une compulsion suicidaire, jusqu’à la troisième génération. Ces deuils impossibles sont souvent associés à la dépression de la mère et à l’absence du père, d’où la place importante, envahissante, cruelle et endettante que prend, à côté de l’imago de la mère morte, l’imago du frère mort. Dans les deuils difficiles ou pathologiques chez l’enfant, l’impact des deuils demeurés impossibles pour la génération précédente fixe, dans la répétition de la revenance du mort, le rapport à un double non enterré (Kaës, 2000).
3. Transmission transitionnelle et fantasmes de transmission
Les hypothèses sur la transmission engagées à partir de la topique réalitaire sont issues de situations caractérisées par une mise hors-circuit de la vie fantasmatique. Certains développements de la recherche sur la transmission ont pu occulter l’existence et l’importance de la fantasmatique dans le processus de transmission. Elles ont sousestimé le travail du fantasme dans la relation intersubjective lorsque celle-ci est conçue selon un modèle en “réplique”, c’est-à-dire selon l’idée simpliste que le monde interne s’édifierait en réplique du monde externe.
J’ai introduit la notion de fantasme de transmission (1989b) pour qualifier une seconde modalité de la transmission qui ferait droit aux transformations infléchies par la vie fantasmatique dans le rapport aux objets et aux processus de la transmission. Je pense nécessaire de mettre l’accent sur la construction par les sujets de la transmission de scènes et de scénarios inconscients dans lesquels se représentent les objets, les processus et les sujets de la transmission : cette activité fantasmatique est en rapport direct avec la représentation de l’origine de la vie psychique et, conjointement, avec celle de l’origine du sujet dans la scène sexuelle des origines. Nous pouvons penser que de tels scénarios sont aussi au cœur de la vie intersubjective.
Le fantasme de transmission implique l’idée que la transmission de la réalité psychique est travaillée par le fantasme. Par exemple, tel fantasme de transmission permet au sujet de déplacer du côté de la génération ce qu’il n’est pas en mesure de reconnaître comme sa propre position dans le fantasme de la scène primitive, et plus largement ce qu’il refuse de prendre en charge dans son désir. Dans ce cas, le fantasme de transmission fonctionnerait en défense contre l’angoisse de devenir Je.
Ces distinctions font la différence entre la transmission-répétition et la transmission transitionnelle. Dans le premier cas, la transmission est directe, elle passe sans transformation d’un sujet à un autre ou à plus d’un autre. La transmission-répétition peut être qualifiée de traumatique parce que, non transformée, elle est vouée à la répétition du même à travers les générations ou entre contemporains. La répétition du même est celle des objets psychiques non traités à la génération précédente par la fonction symbolisante du préconscient.
D’une manière plus générale, j’avancerai que la pathologie de la transmission pourrait se qualifier par les troubles du préconscient ou les défauts de constitution du préconscient, c’est-à-dire par les troubles de ce que Freud nomme der Apparat zu deuten, c’est-à-dire “l’appareil à signifier/interpréter”.
Dans le second cas, le jeu de la transitionnalité rend possible un travail du Je où les éléments de l’histoire du sujet, qu’il reçoit sans le savoir, sont par lui réinventés, retrouvés et créés. C’est parce qu’il peut s’en constituer le sujet qu’il en devient le penseur et qu’il peut faire la part des choses transmises et des représentations de transmission.
Apparaissent ainsi deux fonctions essentielles des fantasmes de transmission: une fonction d’appropriation et de subjectivation dans lesquels les processus transitionnels jouent un rôle déterminant; une fonction défensive contre l’angoisse d’être le sujet de son désir, notamment des désirs sexuels infantiles et œdipiens.
Développements et conclusion
Dans l’évolution des recherches psychanalytiques sur le générationnel, les transformations des dispositifs de la psychanalyse ont joué un rôle considérable, sous l’effet des nouvelles pathologies des psychoses, des états limites, des troubles du narcissisme et de la symbolisation primaire. De nouveaux concepts théoriques ont dû être construits pour en rendre compte, et au-delà de ces concepts se profilent quelques questions majeures.
Le développement des recherches sur la transmission de la vie psychique à partir de nouveaux dispositifs psychanalytiques implique un nouveau modèle d’intelligibilité de la formation des appareils psychiques et de leur articulation entre les sujets de l’inconscient. Ces recherches critiquent les conceptions strictement intradéterministes des formations de l’appareil psychique et les représentations solipsistes du sujet. Elles nous encouragent au contraire à intégrer dans le champ de la psychanalyse toutes les conséquences théorico-méthodologiques qui dérivent de la prise en considération de l’exigence de travail psychique qu’impose à la psyché son inscription dans le générationnel et dans l’intersubjectivité.
Il en résultera évidemment quelques conséquences dans les conceptions théoriques que la psychanalyse s’est formée de l’inconscient et de ses effets. Parmi ces conséquences, je retiendrai deux propositions:
1° – l’idée d’un réseau psychique intersubjectif est corrélative de celle d’une structuration de la psyché dans l’intersubjectivité : chaque appareil psychique est, selon cette perspective, constitué de lieux, de formations et de processus qui contiennent, « incorporent » ou introjectent des formations psychiques, des lieux et des processus de plus-d’un-autre : réseau de traces, empreintes, marques, vestiges, emblèmes, signes et signifiants, dont le sujet hérite, qu’il reçoit en dépôt, qu’il enkyste ou interprète et transforme, et qu’il transmet d’une manière ou d’une autre.
2° – la notion d’un sujet du groupe pose à la psychanalyse une question fondamentale: comment concevoir et traiter le sujet comme étant « à soi-même sa propre fin », et comme maillon, serviteur, bénéficiaire et héritier d’une chaîne intersubjective, à laquelle il est assujetti et dans laquelle il se constitue conjointement comme sujet de l’inconscient et comme sujet du lien.
Le problème psychanalytique de la transmission de la vie et de la mort psychique entre les générations
René Kaës
https://doi.org/10.69093/AIPCF.2023.29.06
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