REVUE N° 11 | ANNE 2012 / 1
EDITORIAL
DAVID BENHAÍM, EZEQUIEL A. JAROSLAVSKY
Ce numéro onze de la Revue internationale de psychanalyse de couple et de famille réunit un certain nombre de communications présentées au 5e Congrès de l’Association internationale de couple et de famille à Padoue en 2012 qui avait pour thème : Le psychanalyste face aux familles et aux couples du 21e siècle: de nouveaux défis techniques.
Comme l’indiquait l’argument : «Le nouveau défi de la psychanalyse du couple et de la famille est en résonance avec les changements survenus dans les divers champs du travail du psychanalyste au centre desquels se situe l’articulation entre la subjectivité, l’intersubjectivité, la groupalité familiale et les processus psychiques propres aux ensembles sociétaux. Désormais se pose la question de la complexité croissante de l’écoute en séance et de l’adaptation technique requise. Qui plus est, la sévérité des psychopathologies abordées met à l’épreuve l’endurance psychique du praticien.
Disposant de ses propres ressources internes et de catégories subjectives et conceptuelles qu’il a intégrées, l’analyste reconnaît à son vécu une fonction primordiale. Son expérience subjective lui permet de proposer, grâce à son potentiel de liberté et de créativité, des cadres non conventionnels qui ne sont pas pour autant transgressifs : le psychodrame familial, la cothérapie, les médiations diverses et les combinaisons techniques en sont des exemples.
Ces changements conduisent à des concepts nouveaux et à la révision de concepts plus classiques; les travaux sur les liens ont élargi le champ de la connaissance des rapports entre le sujet et son groupe d’appartenance. À partir de l’intersubjectivité et de la situation groupale et sur la base de la métapsychologie des liens, les notions de pulsion, de narcissisme familial, d’identité, de sujet, de surmoi, de reconnaissance mutuelle, d’attachement, d’alliance inconsciente sont à repenser.»
C’est dans ce contexte qu’il convient de lire l’ensemble des articles qui constitue ce numéro.
L’article penser le corporel dans la famille. Obésité paradigme de la limite de Almudena Sanahuja et Patrice Cuynet se propose, comme l’indiquent ses auteurs, “de définir une image du corps spécifique de la structure inconsciente des familles liée à l’obésité”. Il s’agit d’une recherche menée par les auteurs dans un établissement spécialisé sur 23 cas d’obésité.
Le travail Mediation Techniques in Couple and Family Therapy : two clinical vignetes de Ondina Greco étudie les médiations techniques dans la thérapie de couple et de famille à partir de deux vignettes cliniques. Ce qui est en discussion, c’est l’efficacité de l’utilisation des tâches graphiques, tels des instruments graphiques projectifs, des dessins libres d’enfants ainsi que des dessins thématiques.
L’article Ocupar y habitar diferentes operaciones vinculares de Sonia Kleiman part de la question: «comment occuper aujourd’hui la place de la mère, du père, de l’enseignant, de l’analyste?» pour la problématiser. Cette question, a-t-elle aujourd’hui la même signification qu’à d’autres époques? L’auteure insiste sur la rupture entre ce que l’on attend qu’il se produise dans ces situations, à partir d’un discours prédéterminé, et ce qui arrive en fait dans cette expérience.
Alberto Eiguer, dans La interpretación en las terapias psicoanalíticas de pareja y de familia aborde la question de l’interprétation dans les thérapies de couple et de famille. Une fois abordées les analogies et les différences entre ces thérapies, l’auteur envisage la manière dont la technique de la thérapie psychanalytique de groupe peut leur être appliquée dans l’optique de l’interprétation.
El psicoanalisis familiar : el setting analitico y sus variaciones de Daniella Lucarelli y Gabriela Tavazza constitue une réflexion sur le cadre analytique et ses variations que les auteures abordent à partir des problématiques complexes qui jalonnent son histoire et qui sont ouvertes encore aujourd’hui.
L’article Nous avons rêvé un enfant de Alexandra Sa et Carina Brito da Mana aborde la thérapie psychanalytique comme un cadre mythopoïétique pour les couples avec une maladie génétique. Les auteures nous présentent un couple qui risque d’avoir un enfant nain, qui consulte au moment où il traverse une crise conjugale.
L’article suivant, Ocupando el lugar del familiar muerto de Ruth Levisky analyse les réactions de patients qui, submergés par la douleur de la perte d’un proche parent, essaient de prendre la place du mort avec lequel leur identité finit par se confondre.
L’article La pareja terapeutica en la coterapia : el trabajo intertransferencial de Maximiliano Sommantico est une réflexion sur le travail intertransférentiel dans la cothérapie. L’auteur, à partir d’un exemple clinique, attire l’attention sur la spécificité de la dynamique intersubjective qui s’installe dans le couple thérapeutique ainsi que dans le couple en thérapie.
L’article suivant, Family psychoanalytical therapy :clinical material regardinf simultaneous psychoanalytical therapy of parents and minor de Spadaro, M.G. Reina, L. Pistorio, F. Forti, et G. Pistorio, présente un matériel clinique : une famille arrive à la consultation dans une impasse affective à la suite de la symptomatologie d’un mineur. Les auteurs racontent comment s’est déroulée la thérapie ainsi que les effets qui s’en sont suivis.
Dans Multiple transferences in couple analysis, Ludovica Grassi nous présente le cas d’un couple dont les membres ont des origines géographiques et culturelles différentes. Elle met particulièrement l’accent sur les interactions transférentielles et contretransférentielles autant individuelles que groupales ainsi que sur la dimension dépressive qui peut se cacher derrière des deuils non faits.
Finalement dans la section Commentaires d’ouvrages, David Benhaïm fait un long commentaire du livre de René Kaës, Le Malêtre, qui vient de paraitre.
David Benhaïm
Ezequiel A. Jaroslavsky
Codirecteurs Revue de l’AIPCF